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La dislocation de l'empire...

21 Mars 2010 , Rédigé par Patrick REYMOND Publié dans #Politique

Elle a deux composantes.
- L'évaporation économique, en cours, particulièrement depuis 1990.
- Le technologisme débridé, qui consiste à dépenser des sommes folles dans des nanards, non pas malgré leur coût, mais A CAUSE de leur coût : c'est cher, donc ça doit être efficace et bien. Et si ça n'est pas le cas, en dépensant plus, ça le deviendra...

En face, on utilise quelque chose de bien moins coûteux, en revenant aux principes de Pétain de 1917 : le fantassin bien instruit et qui sait combattre.
Entre les deux, le gouffre. L'un dépense 1000 milliards, l'autre pratiquement rien.

Revenons à 1914, un jour j'avais dit que l'effort de guerre des bélligérants de la première guerre mondiale était, par rapport à l'idée que nous nous en faisons, fabuleusement modeste.
On mise tout sur le fantassin, son équipement, son fusil, et même le nombre de cartouches est modeste.
La France de 1914 commencera la guerre avec 5 millions de fusils, 1500 cartouches/chacun, le nombre de mitrailleuses se monte à 5000, le nombre de canons (le 75) à 6000 disposant d'une dotation de 1500 obus chacun.
Le plan d'extrême urgence artillerie lourde n'est voté que le 15 juillet 1914. A cette époque, la dotation en artillerie lourde est de 276 pièces pour toute l'armée de terre.

Le général Boulanger devra sa popularité à une chose toute bête : il s'occupera du confort des soldats dans les casernes. On lui doit les premiers réfectoires. Après son intervention, on pourra le considérer comme modeste. Mais dans l'optique du temps, ça reste correct.

En réalité, les choses sont loin d'être égale entre occidentaux et leurs adversaires. Les uns ont la hiérarchie et les lobbys, les autres des chefs de guerre. Des vrais, avec le sens du combat.
Leur arsenal est d'une stupéfiante modestie. Des armes individuelles en abondance, mais c'est quasiment tout.
Par contre, leur sens de la stratégie a été aiguisé par ces guerres longues. Les incapables ont été éliminés ou marginalisés, seuls restent les motivés et les compétents.

La mise en pression du proche orient ne s'est pas faite du jour au lendemain, et on assiste sans doute à une volonté similaire en Amérique Latine.
Seulement, les temps ont bien changés, les moyens se sont érodés, et la puissance impériale est saignée par ses armes aussi coûteuses qu'inefficaces et son économie est en déliquescence.

Un empire, ça demande aussi et surtout du fantassin pousse-caillou.
Eisenhower mis en garde le peuple américain contre le complexe militaro-industriel (c'est lui qui inventa le mot). Sa mise en garde est d'une actualité éclatante.
Toute tentative de "renforcer" ce pouvoir, est contre-productif. Le système s'effondre sous son propre poids.

Anecdocte mexicaine. Le pays est en guerre, contre les cartels de la drogue. Il n'y a eu aucun résultat.
La seule cible, détruite en une nuit de l'armée et de la police, a été un syndicat d'électriciens...

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R
<br /> la dislocation a deux composantes, l'évaporation financiere et la fuite en avant technologique ...<br /> <br /> ben non, ca ne fait qu'une composante ... puisque seuls quelques puissants moissonnent les budgets faramineux de l'armée US.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Je crois quand même que Gettysburg et Solferino pendant les guerres d’Italie, séparées d’à peine quatre années, auront été les deux batailles (boucheries) par lesquelles la guerre a changé de<br /> dimension pour rentrer dans la guerre moderne. Votre argument sur les « rangs clairsemés » tient mal (ils ont surtout été clairsemés par les combats féroces du deuxième jour même si les nordistes<br /> ont essuyé des pertes encore plus lourdes, tout autre général que Meade parmi ses piètres prédécesseurs aurait d’ailleurs cédé le terrain à ce moment), parce que, jusqu’à Gettysburg, Lee avait su<br /> remporter des succès éclatants en infériorité numérique flagrante (à l’Antietam, qui faillit être un désastre pour l’armée du Potomac avant de se transformer en victoire à la Pyrrhus, il s’est<br /> battu quasiment à un contre deux).<br /> <br /> Lee était un stratège napoléonien, qui pensait pouvoir compenser son infériorité logistique par la rapidité de manœuvre et d’attaque de ses troupes. Il connaissait ses classiques et a cru pouvoir<br /> rejouer Waterloo gagnant contre Meade, les 14 000 hommes de Pickett ayant été peu éprouvés les deux premiers jours de la bataille (désaccord avec vous sur ce point).<br /> <br /> Innovation notable, qui sera maintes fois répétée dans les guerres suivantes, la « préparation d’artillerie » qui précéda la fameuse charge, fut d’une ampleur inconnue jusqu’à ce moment, même si<br /> l’utilisation de 200 canons à la fois nous semble anecdotique aujourd’hui.<br /> Mais Waterloo ne pouvait plus être joué gagnant face aux Springfield des nordistes, lesquels firent un carnage. 7000 tués ou blessés (cela ne valait guère mieux dans le contexte sanitaire du temps)<br /> peuvent effectivement sembler « modestes », même s’ils représentent en fait la moitié des effectifs engagés dans l’assaut, et dix pour cent de l’effectif dont disposait Lee au début du premier<br /> jour. Là, en pourcentage, on est tout à fait dans les « scores » des batailles de la première guerre mondiale.<br /> <br /> Mais je vous accorde que la bataille du cratère, ou Cold Harbor, ou l’assaut final de Richmond, était plus prémonitoire encore.<br /> <br /> Merci en tout cas de vous être prêté à cette parenthèse stratégique.<br /> <br /> <br />
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H
<br /> On va rester modeste sur Gettysburg ; la charge du 3ème jour n'étant qu'une démonstration sanglante (en envoyant à l'assaut les rangs bien éclaircis des combattants du 1er jour) de Lee à ses<br /> propres officiers que la bataille était perdue.<br /> Mais le rapport historique reste valable ; la bataille du cratère préfigurant ce à quoi ressemblera la grande guerre.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Ouais ! Les principes de Pétain étaient surtout la transcription stratégique du bon sens de Clémenceau « on attend les chars et les américains et on défend ». Pétain avait aussi compris (il a été<br /> l’un des rares généraux d’état major dans ce cas) que dans l’environnement ravagé des champs de bataille de l’époque, il suffisait finalement de très peu de fantassins pourvus de mitrailleuses pour<br /> stopper net les vagues d’attaques ennemies, progressant péniblement dans les trous d’obus. On estime à peu près à 8 % le nombre de survivants à la « préparation d’artillerie » de Verdun par les<br /> allemands (trois jours de déluge d’acier infernal). Ce sont pourtant ces survivants qui ont enrayé l’assaut germanique bien avant l’arrivée des renforts de l’arrière.<br /> <br /> Il est vrai également qu’en 1917, la France n’avait déjà plus les moyens humains de mener les grandes hécatombes des offensives passées, surtout celles de l’été et l’automne 1914. Car à partir du<br /> moment où l’on optait pour l’offensive de masse, le choix d’une armée de fantassins fut aussi absurdement meurtrier, puisque le tiers de tous les morts français de la grande guerre provenait des<br /> combats de 1914. Les têtes pensantes des armées de l’époque auraient pourtant du savoir que depuis la guerre de sécession et la bataille de Gettysburg en particuliers (qui vit l’armée sudiste,<br /> l’une des meilleures de son temps, engloutie en une grosse demi-heure de fusillade nordiste) les armes à répétition et à canon rayé ne permettaient plus le succès des charges vaillantes à la<br /> baïonnette.<br /> <br /> Donc ne pas parler de la guerre et de la guérilla comme d’un tout…<br /> <br /> <br />
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