La Foi du charbonnier...
j'voudrais avoir la foi,
la foi de mon charbonnier,
qu'est heureux comme un pape,
et con comme un panier..
On dit qu'on vit une période agnostique, c'est à dire, sans foi, et qu'on ne croit plus en rien, en réalité, il n'en est rien.
On a la foi, mais elle a déplacé son objet. Avant, on priait un "Dieu", unique autant que divers dans ses dogmes, mais aujourd'hui, la foi a été ramené dans la
monnaie, le système économique. La monnaie porte le nom de "monnaie fiduciaire", elle ne repose que sur cela.
Alors, certains en sont conscients, ils rapportent le trouble de leur voisinage quand eu lieu l'impossible ; la coupure longue d'électricité. Alors qu'ils sont totalement électrifiés, c'est si
simple, si confortable.
Mais il ne faut pas poser la question : "Et si l'électricité n'arrivait plus ? Ou moins bien ?". Pourtant, pour la majorité du monde, ce qui est étonnant, c'est d'avoir de l'électricité, pas d'en
manquer.
Même les personnes les plus âgées se souviennent de la libération, et des longues années où tout manquait, et même ces années où, dans les ateliers, on attendait d'en avoir un peu, pour commencer
à travailler.
D'autres me disent, c'est impossible. On
produira toujours de l'acier. Seulement le "pic de l'acier" est passé depuis longtemps en France. En 1974, on produisait pas
loin de 30 millions de tonnes, en 2010, 15. Le pic de l'acier a, de mémoire été atteint dans les années 1950 aux USA.
Ce qui fait fiction, c'est la "bonne tenue" de la production chinoise. Qui sert à bâtir des villes fantômes... Une fois passé certaines dépenses d'équipements,
adieu le saint...
Bien sûr, il existe toujours un reliquat du "monde d'avant". Dimitri Orlov nous dit exactement ça. Les soviétiques et même leur système disposaient d'un haut degré
de préparation à leur propre déconfiture. (Ici, les 5 stades de l'effondrement se produisent conjointement).
Mais dans le cas argentin, le reliquat du "monde d'avant", ça a été une monnaie ramenée à 30 % de sa valeur initiale.
Qui aurait imaginé qu'une centrale nucléaire américaine, russe, ou japonaise explose ? C'était, à toutes les fois, impossible.
Les américains vivaient dans un monde parfait, le RBMK était tellement sûr qu'il n'y avait pas besoin d'enceinte de confinement, et pour les nippons, ils étaient les plus avancés du monde, certainement pas des soviétiques attardés.
Le physique, c'est ce qui survit à l'effondrement des circuits économiques. Ceux-ci, sont comme toute construction humaine, aussi mortelle qu'eux.
On refait donc un peu de plâtre pour les fissures des murs, alors que ce sont les fondations qui menacent ruine.
Alors, que prévoient les gouvernements ? On plaide pour la "dévaluation interne" en Europe, parce qu'on a renoncé à la dévaluation externe. On donne le doux nom de "réformes structurelles" à la baisse des salaires et de la protection sociale, alors que c'est justement cette baisse et la montée des inégalités qui provoque la crise.
C'est intenable. J'avais appelé les "cosaques sociologiques", les gens épargnés par le libéralisme et qui pouvait, puisqu'ils étaient épargnés, soutenir le système. Ces cosaques sociologiques, fonctionnaires et retraités, ils en prennent vulgairement parlant, plein la gueule en ce moment. Pas les anciens retraités, qui votent "bien", en souvenir de leur jeunesse pendant les trente glorieuses, mais les nouveaux, trop vieux à 45 ans pour travailler, et qui vivoteront jusqu'à 67 ans, où ils pourront continuer à vivoter un tout petit peu mieux...
En réalité, le citoyen de base, même sans le vouloir, attaque le système de toutes parts, même sans le vouloir.
Les emprunteurs américains continuent de ne plus payer leurs hypothèques à des cadences élevées, toutes les mesures de soutiens ne pouvant masquer la baisse du prix
de l'immobilier.
Pourquoi vouloir payer 500 000 $ ce qui n'en vaut plus que 300 000 si on a la chance de trouver un cinglé évadé de l'asile, et 50 000 $ aux enchères ???
Bien sûr, on peut masquer ces chiffres, parler de "retards de paiements" au lieu de "défaut", l'un n'étant que l'antichambre de l'autre.
Mais le retard de paiement reste stratosphérique, à plus de 10 %, en attendant, bien sûr que dégueulent d'autres formes de prêts.
On ne regonfle pas une baudruche éclatée. Les cas allemands et nippons le prouvent à l'envie, et encore, la densité de population dans ces pays était bien supérieure à celle de la France et des USA.
Le consommateur US, complètement saigné, fait encore chauffer la carte de crédit, simplement pour les dépenses contraintes. ça ne peut porter une société comme le crédit immobilier. Celui-ci est dans l'optique des
ménages, le crédit le plus important qu'il peut contracter. Le reste, c'est rien.
On ne trouve rien de mieux que saigner le goret, et dans le cas grec d'envoyer des taxes par l'intermédiaire de la compagnie d'électricité.
On a donc une confiance folle dans l'administration fiscale, et pourquoi un opérateur comme la compagnie d'électricité réussirait mieux à faire ce que l'état n'a pas réussi ?
Et, de plus, c'est totalement inapplicable.
Pourquoi les grecs déclareraient ils mieux à un organisme qui n'a aucun moyen de contrôle, sinon très approximatif ???
On nous dit que la France n'envisage pas la faillite de la Grèce, c'est faux. C'est déjà acté. On a admis 20 % de défaut, ce sera beaucoup plus, c'est tout.
Les privatisations prévues sont simplement impossibles, comme les recapitalisations bancaires.
Qui irait mettre un sous la dedans ?
Et quand un état s'effondre dans la récession, qui irait acheter des entreprises privatisées ? Surtout que les plus rentables, celles qui avaient le plus de jus, il y a belle lurette qu'elles sont vendues...
En France, on voulait privatiser des aéroports. Mais vendre combien, et à qui ? Pour une rentabilité totalement incertaine, dans une période où le transport aérien est en crise profonde...
Sacrifions donc les pauvres, les classes moyennes, et même la bourgeoisie pour enrichir quelques milliardaires, encore et encore...
Un système ne repose que sur la foi, la foi des acteurs, la foi de la population, et toute perte de foi est potentiellement révolutionnaire.
Même les suppôts les plus fanatiques du système, et leur principaux bénéficiaires, font désormais de la méfiance leur ligne de conduite.