La leçon de la catastrophe...
Xynthia est passé, et l'heure est au bilan.
Politiquement, la réponse est nulle. Comme le dit la théorie confucéenne du "mandat du ciel", la survenue de catastrophes naturelles est le signe que le ciel a retiré son mandat à la dynastie, et qu'il est temps d'en changer.
C'est le signe précurseur des grandes catastrophes politiques et sociales.
Cette manière de voir les choses est sans doute particulièrement juste. Elle témoigne du relâchement généralisé dans les états vieillissants.
La catastrophe n'arrive, ou du moins, n'a des conséquences graves, que par le défaut de l'appareil d'état, défaut généralisé parce que règne partout l'incurie, la corruption, le je m'en foutisme.
Claude Manceron a écrit sur la révolution française, et l'expédition des marines françaises et espagnoles en Manche lors de la guerre d'indépendance américaine. Elle échoua piteusement, bien qu'elle ne rencontrat aucune résistance et ne prit qu'un seul navire ennemi.
C. Manceron, donne l'explication de la non application des réglements sanitaires de marine. A l'époque de Louis XVI, ils sont inchangés depuis Louis XIV, ce qui permet de voir l'évolution de la mortalité : en 1700, la marine française perd 1 % de ses effectifs par maladie, en 1780, 10 à 15 % de l'équipage hors service n'est pas rare.
L'essentiel des 60 000 morts de la guerre d'indépendance américaine, côté français, sont ces pertes par maladie. Elles ont clairement contrarié une conclusion beaucoup plus nette, voire une invasion des iles britanniques.
Les aléas climatiques ont toujours existés. Seulement, à une époque, on ne croyait pas bon de bâtir sous le niveau de la mer, derrière une digue mal entretenue et de plus, une maison de plain pied. Dans celle possédant deux étages, les habitants ont pu au moins se réfugier plus haut. Les autres sont morts piégés comme des rats.
Là, on a donc le cocktail : "dynamisme économique" (la figure mythique du jeune cadre dynamique en cravate qui saute en l'air), qui n'est en réalité qu'une rente : on vend cher, un terrain qui n'était qu'agricole, et pour avoir la clientèle maximale, on tire au maximum les coûts de constructions, à savoir, on construit de plain pied, et comme charpente on colle une fermette. L'occupant des lieux sera donc clairement pris au piége (c'est plus facile de monter dans les combles d'une charpente traditionnelle, et souvent, avec une fermette, l'accès y est très aléatoire.
"il y a eu 100.000 logements construits en zone inondable entre 1999 et 2006, donc très récemment ". Sans compter, bien sûr, ceux qui y étaient déjà.
Certains d'ailleurs sont des abonnés, les "catastrophes naturelles" venant visiter leurs biens toutes les années (chantiers permanents en cours, ils peuvent négocier le tarif de gros, avec une marge arrière, tant auprès des vendeurs d'électro-ménager, que des artisans).
La loi de protection contre les catastrophes naturelles, n'est que la loi d'autoprotection des élus et importants de toutes sortes.
Elle vise à empêcher les recours en justice pour leurs multiples bêtises, transférant le coût sur la collectivité.
C'est pour protéger cette logique ultra-libérale que cette loi a été voté. Prenons la carte de Vendée, on voit que les zones humides, clairement marines en l'an 0 remontent pratiquement jusqu'à Niort.
SCOR considère, quand à elle que Xynthia n'est même pas un "évènement sérieux".
Ce qui relativise le caractère de "catastrophe naturelle". Le réseau électrique lui aussi a trinqué assez largement. Construit dans les années 1930 en aérien, il souffre essentiellement de la pousse des forêts et des arbres, beaucoup plus petits à cette époque.
L'utilisation du fossile a permis à des forêts françaises de se reconstituer, parfois très largement et avec une étendue inconnue depuis des millénaires.
La corruption n'est pas absente non plus : " Les municipalités, souvent dirigées par des commerçants et des artisans, ont transformé ces terres agricoles en terrains à bâtir et n'ont pas su fixer les limites à la pression des particuliers et des promoteurs."
Les constructions, c'est du chiffre d'affaire, et des consommateurs l'été. Comme les résidents sont des retraités issus des couches populaires, il fallait tirer les prix.
La bulle immobilière est en train de se tasser, et on va sur un marché de renouvellement. Pour le mal bâti, les catastrophes naturelles à répétition viendront remettre les choses en l'état. Pour le moment, par l'intermédiaire des sociétés d'assurance, on paie.
Bien entendi, comme le système économique a ses vapeurs, on peut douter qu'il soit en mesure de payer longtemps de pareilles erreurs.
Mais il n'y a pas qu'en Vendée qu'on été commis ce genre de bêtises, le même schéma est visible partout : terrains inappropriés, glaiseux (j'en avais traité sur le blog immobilier), alternant dilatations et rétractions, terrains incapables de supporter le poids physique des infrastructures dont on les accable et qu'on aggrave en renfoçant encore le poids, poids de l'engeance du tourisme sur certaines zones (Madère par exemple), mais pas seulement.
Les anciens villages du pays languedocien sont des nids d'aigles et les lotissements dans la vallée, là où le terrain est plat.
L'avantage aussi du nid d'aigle, c'est d'être aisément fortifiable en période de crise.
La maison traditionnelle a toujours plusieurs étages, rarement la maison de lotissement.
Au sommet de la colline, un de mes arrière grand père avait du percer le mur de sa maison en 1914, pour faire s'évacuer l'eau. (l'eau était tombée en trombe), dans le village en dessous, elle arrivait au premier étage, les petits rious charriaient des vaches.
Aujourd'hui, on a construit encore plus bas, et qui plus est, souvent de plain pied : il n'y aura pour la plupart pas de premier étage pour sauver la vie, et le toit difficilement accessible sera sans doute, pour certains cas, insuffisant. Ce que j'ai dit, les anciens l'ont dit dans les années 1960 lors des enquêtes, on n'en a tenu aucun compte.
Aujourd'hui, on commence à avoir peur côté autorités et on voit les pelleteuses construire des bassins de rétentions de très grande contenance, mais dont la modestie saute aux yeux en cas d'inondation. ça ne fera pas baisser le niveau d'un centimètre. En plus il y a le gros risque que l'équipement saute en premier devant la crue et en aggrave les effets.
Le même problème se retrouve dans l'équipement collectif, notamment les ponts. Le pont à la romaine, compliqué à contruire, mais adapté aux grands incidents climatiques a été délaissé pour le pont plat, mais sans aucune marge pour la catastrophe. Ces ponts seront donc obligatoirement coupés.
On peut penser aussi aux canalisations crées, largement suffisantes en périodes normales, mais non prévues pour les crues. J'ai du intervenir une fois en mettant en relief la taille d'un canal d'évacuation ancien(raza perrada XII°siècle) et celui proposé (des buses deux fois plus petites), et j'avais fourni les photos de l'inondation de 1980. Il ne restait pas 20 centimètres de marge.
La marge pour l'expansion de l'eau doit être envisagée allant de 1 en période normale, à 100.
Seulement, comme on dépasse rarement 10 et que c'est bien moins coûteux de ne faire que pour 10, on se contente de 10, on fera 100 à la prochaine catastrophe. Là aussi, l'équipement insuffisant aggravera la situation. Les canalisations s'engorgeront et l'eau creusera, poussera et les détruira.
D'une manière générale, il ne manque pas de lois dans ce pays, c'est au niveau de l'application qu'ils y a des abonnés absents, et c'est typique des ambiances de fin de règne.
Politiquement, la réponse est nulle. Comme le dit la théorie confucéenne du "mandat du ciel", la survenue de catastrophes naturelles est le signe que le ciel a retiré son mandat à la dynastie, et qu'il est temps d'en changer.
C'est le signe précurseur des grandes catastrophes politiques et sociales.
Cette manière de voir les choses est sans doute particulièrement juste. Elle témoigne du relâchement généralisé dans les états vieillissants.
La catastrophe n'arrive, ou du moins, n'a des conséquences graves, que par le défaut de l'appareil d'état, défaut généralisé parce que règne partout l'incurie, la corruption, le je m'en foutisme.
Claude Manceron a écrit sur la révolution française, et l'expédition des marines françaises et espagnoles en Manche lors de la guerre d'indépendance américaine. Elle échoua piteusement, bien qu'elle ne rencontrat aucune résistance et ne prit qu'un seul navire ennemi.
C. Manceron, donne l'explication de la non application des réglements sanitaires de marine. A l'époque de Louis XVI, ils sont inchangés depuis Louis XIV, ce qui permet de voir l'évolution de la mortalité : en 1700, la marine française perd 1 % de ses effectifs par maladie, en 1780, 10 à 15 % de l'équipage hors service n'est pas rare.
L'essentiel des 60 000 morts de la guerre d'indépendance américaine, côté français, sont ces pertes par maladie. Elles ont clairement contrarié une conclusion beaucoup plus nette, voire une invasion des iles britanniques.
Les aléas climatiques ont toujours existés. Seulement, à une époque, on ne croyait pas bon de bâtir sous le niveau de la mer, derrière une digue mal entretenue et de plus, une maison de plain pied. Dans celle possédant deux étages, les habitants ont pu au moins se réfugier plus haut. Les autres sont morts piégés comme des rats.
Là, on a donc le cocktail : "dynamisme économique" (la figure mythique du jeune cadre dynamique en cravate qui saute en l'air), qui n'est en réalité qu'une rente : on vend cher, un terrain qui n'était qu'agricole, et pour avoir la clientèle maximale, on tire au maximum les coûts de constructions, à savoir, on construit de plain pied, et comme charpente on colle une fermette. L'occupant des lieux sera donc clairement pris au piége (c'est plus facile de monter dans les combles d'une charpente traditionnelle, et souvent, avec une fermette, l'accès y est très aléatoire.
"il y a eu 100.000 logements construits en zone inondable entre 1999 et 2006, donc très récemment ". Sans compter, bien sûr, ceux qui y étaient déjà.
Certains d'ailleurs sont des abonnés, les "catastrophes naturelles" venant visiter leurs biens toutes les années (chantiers permanents en cours, ils peuvent négocier le tarif de gros, avec une marge arrière, tant auprès des vendeurs d'électro-ménager, que des artisans).
La loi de protection contre les catastrophes naturelles, n'est que la loi d'autoprotection des élus et importants de toutes sortes.
Elle vise à empêcher les recours en justice pour leurs multiples bêtises, transférant le coût sur la collectivité.

C'est pour protéger cette logique ultra-libérale que cette loi a été voté. Prenons la carte de Vendée, on voit que les zones humides, clairement marines en l'an 0 remontent pratiquement jusqu'à Niort.
SCOR considère, quand à elle que Xynthia n'est même pas un "évènement sérieux".
Ce qui relativise le caractère de "catastrophe naturelle". Le réseau électrique lui aussi a trinqué assez largement. Construit dans les années 1930 en aérien, il souffre essentiellement de la pousse des forêts et des arbres, beaucoup plus petits à cette époque.
L'utilisation du fossile a permis à des forêts françaises de se reconstituer, parfois très largement et avec une étendue inconnue depuis des millénaires.
La corruption n'est pas absente non plus : " Les municipalités, souvent dirigées par des commerçants et des artisans, ont transformé ces terres agricoles en terrains à bâtir et n'ont pas su fixer les limites à la pression des particuliers et des promoteurs."
Les constructions, c'est du chiffre d'affaire, et des consommateurs l'été. Comme les résidents sont des retraités issus des couches populaires, il fallait tirer les prix.
La bulle immobilière est en train de se tasser, et on va sur un marché de renouvellement. Pour le mal bâti, les catastrophes naturelles à répétition viendront remettre les choses en l'état. Pour le moment, par l'intermédiaire des sociétés d'assurance, on paie.
Bien entendi, comme le système économique a ses vapeurs, on peut douter qu'il soit en mesure de payer longtemps de pareilles erreurs.
Mais il n'y a pas qu'en Vendée qu'on été commis ce genre de bêtises, le même schéma est visible partout : terrains inappropriés, glaiseux (j'en avais traité sur le blog immobilier), alternant dilatations et rétractions, terrains incapables de supporter le poids physique des infrastructures dont on les accable et qu'on aggrave en renfoçant encore le poids, poids de l'engeance du tourisme sur certaines zones (Madère par exemple), mais pas seulement.
Les anciens villages du pays languedocien sont des nids d'aigles et les lotissements dans la vallée, là où le terrain est plat.
L'avantage aussi du nid d'aigle, c'est d'être aisément fortifiable en période de crise.
La maison traditionnelle a toujours plusieurs étages, rarement la maison de lotissement.
Au sommet de la colline, un de mes arrière grand père avait du percer le mur de sa maison en 1914, pour faire s'évacuer l'eau. (l'eau était tombée en trombe), dans le village en dessous, elle arrivait au premier étage, les petits rious charriaient des vaches.
Aujourd'hui, on a construit encore plus bas, et qui plus est, souvent de plain pied : il n'y aura pour la plupart pas de premier étage pour sauver la vie, et le toit difficilement accessible sera sans doute, pour certains cas, insuffisant. Ce que j'ai dit, les anciens l'ont dit dans les années 1960 lors des enquêtes, on n'en a tenu aucun compte.
Aujourd'hui, on commence à avoir peur côté autorités et on voit les pelleteuses construire des bassins de rétentions de très grande contenance, mais dont la modestie saute aux yeux en cas d'inondation. ça ne fera pas baisser le niveau d'un centimètre. En plus il y a le gros risque que l'équipement saute en premier devant la crue et en aggrave les effets.
Le même problème se retrouve dans l'équipement collectif, notamment les ponts. Le pont à la romaine, compliqué à contruire, mais adapté aux grands incidents climatiques a été délaissé pour le pont plat, mais sans aucune marge pour la catastrophe. Ces ponts seront donc obligatoirement coupés.
On peut penser aussi aux canalisations crées, largement suffisantes en périodes normales, mais non prévues pour les crues. J'ai du intervenir une fois en mettant en relief la taille d'un canal d'évacuation ancien(raza perrada XII°siècle) et celui proposé (des buses deux fois plus petites), et j'avais fourni les photos de l'inondation de 1980. Il ne restait pas 20 centimètres de marge.
La marge pour l'expansion de l'eau doit être envisagée allant de 1 en période normale, à 100.
Seulement, comme on dépasse rarement 10 et que c'est bien moins coûteux de ne faire que pour 10, on se contente de 10, on fera 100 à la prochaine catastrophe. Là aussi, l'équipement insuffisant aggravera la situation. Les canalisations s'engorgeront et l'eau creusera, poussera et les détruira.
D'une manière générale, il ne manque pas de lois dans ce pays, c'est au niveau de l'application qu'ils y a des abonnés absents, et c'est typique des ambiances de fin de règne.
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