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La question des ressources énergétiques...

14 Décembre 2009 , Rédigé par Patrick REYMOND Publié dans #Energie

Un contradicteur m'a amené là où je voulais.
"Mais je sais une chose : si le pétrole venait à disparaître, ce que je ne crois pas (1), les prix augmenteraient et les hommes seraient motivés pour trouver des substituts. Aujourd’hui, ils n’ont pas cette incitation, il est donc normal qu’ils n’en trouvent pas.  "

Si on veut me traiter de malthusien, là, j'ai trouvé un terreplatiste.


Mais qu'importe, le débat est plus intéressant que les unanimités toutes faites. Pendant un certain temps, d'ailleurs, j'ai partagé ces points de vue, avant de pousser plus avant la réflexion, et comme beaucoup, arriver à une conclusion différente.

Le coût monétaire n'entre pas en compte.
C'est le coût en énergie qui importe.
En 1861, il faut un baril de pétrole pour arriver à en avoir 100 de disponibles (15 mètres de profondeur).
Aujourd'hui, on en est plutôt, suivant les gisements à 10-15 barils (même Ghawar et Burgan), pour 100 de disponibles (1000 mètres de profondeur en moyenne).
Et on ne parle même pas de l'offshore, ni des gisements polaires...
Pour les gisements lourds canadiens, le brut de l'Orénoque, le coût d'exploitation, fort élevé , ne sera pas inférieur à 33 barils pour 100 disponibles. Et il est probable que ce sera plus.

En Economie, cela s'appelle la loi des rendements décroissants.

Pour le nucléaire, le problème est pire. On ne sait même pas si la filière produit autant d'énergie qu'elle en consomme à tous les stades de production.
Pour certains (pas tous) "bio" carburants, appelés aussi "nécro" carburants, le résultat est incontestablement négatif : ils consomment plus d'énergie qu'ils n'en produisent (le bilan du maïs; par exemple; est très médiocre).

C'est toujours le même principe qui est à l'oeuvre : celui de l'énergie illimitée, qu'il faut pousser la population à consommer dans un premier temps, et ensuite, on semble s'apercevoir que la disponibilité se réduit, alors qu'on a fait changer ses habitudes aux consommateurs.
Dans cet ordre d'idées, les exemples ne manquent pas. Les canaux confiés aux compagnies de chemins de fer périclitent à la fin du XIX° siècle, que ce soit aux USA (canal de l'Erié, canal de l'Erié et de l'Ohio) ou en France , jusqu'à ce que les autorités réagissent et reprennent les choses en mains (relance du canal des deux mers).
On peut citer aussi les nombreux rachats et suppressions de compagnies de transports en communs par la General Motors.
On peut citer aussi la très soviétique politique giscardienne du nucléaire. On voulait construire 100 centrales, devant le piétinement de la demande, on n'en fit que 58, et on se retrouva en surproduction chronique.
Au niveau industriel, EDF subventionnait les investissements au delà de 100 %, j'ai vu personnellement le cas deux fois.
Dans le premier cas, la comptabilité analytique avait conduit à l'interruption des fours électriques au bout d'un mois. Ils finirent en ferraille.
Dans l'autre, le surcout électrique avait conduit l'entreprise au dépôt de bilan.
On fit aussi la promotion du chauffage électrique à effet-joule.
En 1986, J Chirac, dans une de ses premières décisions de premier ministre enterra la politique d'économie d'énergie ; il fallait qu'EDF survive.

Donc, entre des prix qui montent, des disponibilités qui décroissent, il n'y a qu'une fenêtre de tir : l'économie d'énergie.
Le quotidien de 80 % de la planète, c'est la pénurie. Les émeutes de l'électricité sont... courantes. Le carburant est indisponible en beaucoup d'endroits, malgré un prix effroyablement haut (plus cher que dans les pays de l'OCDE).

L'économie d'énergie revêt plusieurs formes. D'abord la pénurie, le rationnement, ensuite le progrès technique, enfin, la remise en cause de certains secteurs aberrants.
Un des dirigeants de la General Motors disait il n'y a pas si longtemps que les gens se moquaient de ce qu'ils mettaient dans la voiture.
C'est, avec la distribution forcenée de dividendes (250 milliards en 20 ans), la cause de l'écroulement de la marque.
La moyenne de consommation s'établit en amérique du nord à 9.5 litres au cent, contre 6.5 en Europe.
On voit que la marge de progrès est immense, donc.
En même temps, consommer des haricots burkinabés; des pommes de terres hollandaises, (poussées dans des serres chauffées au gaz, lavées en Italie, conditionnées en Roumanie, et qui au total auront visité 25 pays), ne correspondent pas à un optimum économique véritable.

C'est une politique délibérée d'étranglement des producteurs nationaux à la faveur d'une période économique atypique. Cette période a été celle de l'énergie bon marché, qui a servi à produire à l'autre bout du monde, ce dont on ne voulait pas payer un prix honnête chez soi. 

Au lieu d'un produit agricole local, le haricot, on paie désormais, un produit pétrole, le haricot, qui vient de l'autre bout du monde grâce à des salaires et des transports à bas coût.

Pour ce qui est de l'état des réserves, elles ont une véracité qu'on peut qualifier de soviétique.
Les pays du golfe ne baissent jamais leurs réserves pétrolières, le charbon allemand s'est évaporé, les réserves françaises d'uranium, fixées à 125 000 tonnes, sont tombées à zéro après l'extraction de 25 000 tonnes...

Quand on voit avec quelle compétence la crise financière est gérée, on peut se poser des questions sur les conséquences de la crise énergétique. Au niveau mondial elle est largement commencée.
Elle n'est pas forcément synonyme du pire, mais simplement réadaptation au local et à l'enracinement, le contraire de ce qui a été fait et prêché ces 40 dernières années.
Elle peut aussi tourner au carnage.

En attendant, dans la période de transition et d'ajustement, il risque d'y avoir un caïd mondial. C'est la Russie.  Largement excédentaire en énergie, elle sera sans doute à même de reconstituer l'aire soviétique. 
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P
<br /> "Grand froid : mais que font les centrales électriques ?"<br /> <br /> http://www.usinenouvelle.com/article/grand-froid-mais-que-font-les-centrales-electriques.N123381?<br /> <br /> => beaucoup de causes évoquées mais pas de problème d'approvisionnement d'uranium.<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Chute historique du revenu des agriculteurs en 2009.<br /> <br /> Le revenu moyen des exploitations professionnelles a baissé de 32 % cette année.<br /> <br /> Les plus touchés sont les éleveurs laitiers avec une dégringolade de leur revenu de 54 %.<br /> <br /> http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2009/12/14/04016-20091214ARTFIG00558-chute-historique-du-revenu-des-agriculteurs-en-2009-.php<br /> <br /> <br />
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B
<br /> le bilan de l'éthanol maïs est négatif. oui exact!<br /> <br /> mais c'est là ou intervient le génie shadokien. les agriculteurs vontdevoir payer une cvo ( contribution volontaire obligatoire) pour soutenir la filiere!!!!<br /> <br /> http://www.terre-net.fr/forums/default.aspx?g=posts&m=375981<br /> <br /> <br />
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A
<br /> @Mon Nom<br /> <br /> Bonne analyse<br /> <br /> " Les Russes et les Chinois n'ont donc pas besoin d'une quelconque confrontation directe, pas de nouvelle bataille de Cannes. "<br /> <br /> lol, je ne voyais bien sûr pas une offensive combinée sino-russe "grand-style" à travers l'Indou-Kouch qui aboutirait une gigantesque manoeuvre d'encerclement des armées alliées. Ma bataille de<br /> Cannes était plus psychologique que purement militaire. Mais c'est vrai, que mon exemple était pas forcement bien choisi.<br /> <br /> Décidément, plus on étudie ce que font nos politiques en matière de politique étrangère, plus on prend peur. Plus on recherche l'intérêt, le cynisme, le plan machiavélique, plus on tombe sur un<br /> vide stratégique hallucinant. Mais que font les stratèges de l'OTAN ?<br /> <br /> <br />
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P
<br /> je pense que la bataille de Cannes est en train de se dérouler. C'est affaire de psychologie. Les romains considérérent qu'étant deux fois plus nombreux, ils pouvaient foncer dans le tas.<br /> <br /> <br />
M
<br /> À aetius320<br /> <br /> Pour moi, la Chine et la Russie sont enchantées de la présence US en Afghanistan. Comme aux échecs les USA essaient de prendre position au milieu de l'échiquier comme à l'époque du « grand jeu<br /> »,<br /> mais ils s'y épuisent sous les regards amusés de la Russie et de la Chine qui ont tout intérêt à ce qu'ils y restent le plus longtemps possible. Tant qu'ils sont là, ils sont moins ailleurs et<br /> sont<br /> les seuls instruments de leur déchéance.<br /> <br /> Il faut remarquer que quand c'étaient les Russes qui s'y embourbaient, les USA ont fourni des armes décisives aux résistants (notamment les stinger). Par contre, les armes fournies actuellement<br /> aux<br /> Afghans ne peuvent faire la différence, notamment pas de missiles sol-air. Elles ont pour seul but de prolonger le plus longtemps possible la fixation des USA en Afghanistan qui les détruit à<br /> petit<br /> feu non seulement militairement mais également économiquement. Les Russes et les Chinois n'ont donc pas besoin d'une quelconque confrontation directe, pas de nouvelle bataille de Cannes. Il<br /> leur<br /> suffit d'attendre que le fruit murisse et leur tombe dans le bec.<br /> <br /> L'autre avantage est que ça occupe les intégristes qui trop investis sur cet abcès de fixation laissent tranquilles les autres pays et province musulmanes d'Asie centrale sous domination Russe<br /> ou<br /> Chinoise.<br /> <br /> Les USA seront finalement rejetés à la périphérie, ce qu'ils ont toujours été géographiquement et intellectuellement. Je dirais même plus. Leur comportement avec leurs voisins immédiats au sud<br /> les<br /> transforme progressivement en île. Alors les Russes et les Chinois auront le champ libre.<br /> <br /> Par contre, il ne s'agit pas du point de jonction sino-russe, mais du sino-iranien et irakien. Compte tenu de sa faible population et de ses réserves, la Russie est presque autonome. Alors que<br /> la<br /> Chine très peuplée et qui n'a pas de pétrole (ou si peu) peut être un sérieux concurrent des USA. Compte-tenu de la brutalité et de la grossièreté indécrottable des cow-boys, plusieurs pays du<br /> Moyen-Orient pourraient préférer se tourner vers l'est en réorientant les pipelines en laissant les USA presque à sec.<br /> <br /> Par ailleurs, un simple regard sur une carte montre que l'Iran possède un arrière pays que les USA n'ont plus (ils l'ont saccagé comme les indiens et les bisons). De plus ils ont les cerveaux.<br /> Ils<br /> peuvent dans un premier temps se passer de l'Occident. Ensuite en un retour de balancier classique, ils nous reviendront pour faire contrepoids à leurs voisins devenus encombrants et d'autant<br /> plus<br /> pesants qu'ils auront eu le champs libre (voir les changements d'alliances en Europe au fil des siècles).<br /> <br /> <br />
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A
<br /> @Patrick, deux questions :<br /> <br /> vous dites :<br /> " En attendant, dans la période de transition et d'ajustement, il risque d'y avoir un caïd mondial. C'est la Russie. Largement excédentaire en énergie, elle sera sans doute à même de reconstituer<br /> l'aire soviétique. "<br /> <br /> Sur le long terme, pourrait-on dire que la Russie a mis en oeuvre une contraction impériale réussie ? Certains du fonctionnaires russes l'auraient-ils même préméditée dès les années 80 ?<br /> Cela me fait un peu penser à la stratégie militaire (la vrai pas celle des "stratèges" en chambre de l'OTAN) où l'on raccourci les lignes logistiques près du coeur de sa puissance pour ensuite<br /> prendre l'adversaire dans une nasse.<br /> D'où ma deuxième question : on peut voir l'intervention de l'OTAN dans l'arc de crise selon deux points de vue différents. Le premier, celui occidental, consiste en une attaque au point de jonction<br /> stratégique sino-russe. Le second une volonté de retrait russe pour attirer les occidentaux dans une impasse logistique.<br /> Serait-ce les prémices d'une nouvelle bataille de Cannes ?<br /> <br /> <br />
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Y
<br /> Une simple question au sujet des énergies renouvelables:<br /> <br /> Que pensez vous des biocarburants à base de microalgues? Ils semblent extrêmement prometteurs et n'ont pas les inconvénients des agrocarburants classiques qui rentrent en concurrence avec la<br /> production alimentaire.<br /> <br /> De plus il semble facile d'adapter la distribution actuelle de carburant à des productions de ce type.<br /> <br /> Voir ici ddeux lien qui résume un peu leurs intérêt:<br /> <br /> http://www.usinenouvelle.com/article/biocarburants-2g-les-micro-algues-gagnent-la-course.147485<br /> <br /> http://www.usinenouvelle.com/article/biocarburants-la-modelisation-numerique-sied-aux-algues.140632<br /> <br /> De plus un fois sélectionné les algues poussent toute seules, nul besoin d'industries complexes pour les mettre en oeuvre contrairement aux panneaux solaire (industrie des semi-conducteur)ou aux<br /> éoliennes. N'est ce pas plutot dans cette voie que notre tissu économique retrouvera un semblant de durabilité.<br /> <br /> Le site du projet Shamash organiser par l'Iniria sur les technologies à l'algues:<br /> <br /> http://www-sop.inria.fr/comore/shamash/<br /> <br /> <br />
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