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Le caporal épinglé, ou réfléchir avant d'agir.

1 Février 2010 , Rédigé par Patrick REYMOND Publié dans #Economie

Harvard est célèbre pour enseigner le "bizness". Bon, alors, il faut croire que là aussi, il faut faire ce qu'ils disent, mais pas ce qu'ils font.
En effet, l'université a perdu 12 milliards sur ses 37 de placements, 90 milliards en tout pour toutes les universités US.
Enfin, on peut se demander à quoi sert les "économies" que réalise Harvard sur ses frais de fonctionnement.
Avec 25 milliards de trésorerie encore, elle est un peu moins riche, c'est tout.
On peut se demander aussi pourquoi les frais de scolarités sont aussi élevés, alors que ceux-ci servent finalement à constituer des cagnottes qui s'évaporent et dont l'importance est sans rapport avec leur activité...

J'ai fait un exercice inhabituel pour moi, je me suis callé devant la télé, et j'ai regardé une émission sur les relocalisations.
C'était évocateur. L'entreprise avait comparé les coûts salariaux entre la Roumanie et la France, et avait conclu à une différence de 80 %, 30 euros ici, 6 là-bas, avant de s'apercevoir que les 6 euros là-bas, se révélait être 36 euros, après les "coûts cachés", pas si cachés que ça, après tout, puisque certains étaient évidents d'entrée (différences de productivité, de qualité, de transports...).
On peut simplement constater que les "décideurs" étaient d'aimables têtes vides dans le meilleur des cas, et des hargneux de la lutte des classes, dans le pire.
Mais l'histoire ne s'arrête pas là. Après avoir engrangé des pertes monstrueuses (5 à 6 millions d'euros, on présente la note aux salariés, en ne voulant pas réembaucher pour faire tourner ces machines.
On pense à la mobilité interne, en pensant qu'en 5 ou 6 mois, on aura des personnes compétentes (alors que des anciens licenciés sont disponibles et opérationnels en trois jours).

En réalité, on s'aperçoit de deux choses :
- la DRH est incompétente et inutile, on peut donc la supprimer facile,
- elle ignore ce qu'est un métier, et croit que les gens sont interchangeable, comme ça, d'un claquement de doigts.
En réalité connaitre un métier demande souvent très longtemps, plusieurs années. Seul le poste de DRH est remplissable par le premier batteleur venu.

Autre cas, le mobilier de bureau, délocalisé en Chine, puis rapatrié, pour cause de défaut de qualité, défaut de considération pour le client, défauts de marketing (il n'y avait que deux couleurs disponibles...)
En outre, pour bien faire fonctionner la concurrence, il n'est jamais bon n'avoir qu'un fournisseur ou qu'un client, on se retrouve esclavagisé.
Il faudrait peut être aussi qu'ils prennent des cours de commerce, ça pourrait leur être utile.

On peut en tirer quelques constatations :

-
  Délocaliser n'est pas un fait économique rationnel. Si on faisait réellement une étude préalable, intégrant tous les coûts, on ne délocaliserait pas, c'est un fait culturel, le patronat délocalise parce que dans le patronat, tout le monde le fait.
- Si l'outil de production est maintenu en bon état, il n'y a pas, non plus, lieu de délocaliser, le coût de la main d'oeuvre étant négligeable dans le prix des produits, et allégrement comblé par les "coûts cachés", ou plutôt non prévus par les délocalisateurs.
- la conquête de marché dynamique est illusoire. Les marchés matures et solvables sont OCDE, les marchés émergeants habitués aux catastrophes et sans aucune prévisibilité.
Le marché brésilien étant, par exemple, connu pour ses soubresauts, sans parler, bien sûr du marché argentin...
- Pour un coût bien moindre, les industriels auraient pu moderniser leur propre outil de production, les déménagements d'industries se révélant comme des gouffres, avec des montagnes de dépenses non programmées...

- Délocaliser n'est pas la marque de la compétence, mais de l'incompétence. Des financiers font des calculs, mais avec un nombre impressionnant de paramètres défaillants, voir manquants, et en premier lieu, le peak oil, ou sa possibilité, absolument pas pris en compte.
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O
<br /> Mon ancienne entreprise vendait des shelters militaires. Pour economiser sur sur les poignées de portes, elle avait procédé à des enchères pour finalement trouver un fabricant perdu au fin fond de<br /> l'europe de l'est. Il avait des prix battant tous les concurrents. Le marché fut conclu et au milieu de la production, le marchand en question sans aucuen raison a monté son prix de 70% ! Comme<br /> c'était le seul fournisseur, il a donc fallu accepter et acheter à prix d'or les fameuses poignées de porte ...<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Très pertinent le thème des coûts cachés.<br /> Au mieux, une délocalisation permet d'accroître rapidement et conséquemment les bénéfices, mais à long terme, c'est la mort assurée, dû l'insatisfaction des clients vis-à-vis de la qualité des<br /> produits, les problèmes de service après-vente, la démarque connue (casse) et inconnue (vol, vandalismes...), sans compter, comme vous le précisez bien, les problèmes de respect de cahier des<br /> charges, normes de sécurité etc etc etc.<br /> Travaillant dans le commerce, je l'ai constaté pour toutes sortes de produits, du jouet à 1 euro, à la piscine soi-disant "de luxe".<br /> Le coût après coup (!!!) est tout simplement énorme en temps et en heures de "gestion de crise", et le client, lui, pête les plombs.<br /> Que du bonheur...<br /> <br /> <br />
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C
<br /> L'Argent Dette (50 minutes) (version mise à jour début 2010 donc à revoir) :<br /> http://www.vimeo.com/8116254<br /> <br /> L'Argent Dette 2 - Promesses Chimériques (90 minutes) :<br /> http://www.vimeo.com/8088058<br /> <br /> A faire tourner...<br /> <br /> <br />
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D
<br /> Vous auriez pu aussi parler de l’externalisation en général. Cette folie collective de vouloir remplacer toujours plus de salariés par des prestataires de service. Tout est illusoire dans cette<br /> démarche :<br /> - Le client est blousé parce que la qualité de travail d’un salarié externe est toujours inférieure à celle d’un salarié interne à l’entreprise, à « sa » boîte dont il se sent redevable.<br /> - Le différentiel de qualité est toujours rattrapé en partie par les salariés internes, généralement dans l’improvisation et sans contre partie salariale.<br /> - Le gain en flexibilité n’est lui-même pas si évident qu’on veut bien le dire. Il est faut de penser que les prestataires puissent être jetables et remplaçables suivant le bon plaisir de<br /> l’entreprise donneuse d’ordre. Celle-ci est toujours obligée de tenir compte des contraintes et du rythme propre à l’entreprise externe quand elle a trouvé la perle rare, un « bon »<br /> prestataire.<br /> - Quant au gain financier, il rejoint ce que vous concluez pour les délocalisations : il est nul. L’externalisation résulte au mieux d’un aveuglement grégaire au pire de l’idéologie de combat.<br /> Continuez bien (plus dure sera "La Chute"...)et merci !<br /> <br /> <br />
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V
<br /> Un de mes anciens patrons qui a une scierie voulait delocaliser en Roumanie.<br /> <br /> Il a eu l'intelligence d'y aller à petits pas et d'acheter une scierie à cluj napoca en Roumanie avant de se delocaliser totalement .<br /> <br /> Le resultat fut une catastrophe ,productivité nulle ,finitions approximatives,cout du transport elevé .<br /> <br /> Il s'est finalement resigné à revendre sa scierie à perte à un investisseur local et il fut bie ncontent de retrouver ses salariés francais pourtant " trop payés" !<br /> <br /> <br />
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L
<br /> beaucoup d'excellente remarque. Surtout pour harvard qui viens de faire preuve d'un manque total de connaissance économiques et financière.<br /> <br /> M'enfin il ont créer des crapules qui les ont mis dedans, c'est un peut HEC et arthur endersan pour ceux qui se souviennent.<br /> <br /> <br />
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