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Le décès.

17 Décembre 2009 , Rédigé par Patrick REYMOND Publié dans #Economie

Un décès à signaler aujourd'nui, celui d'Egor Gaïdar.
Un surdoué.
"
« Quel est le plus grand économiste marxiste de la Russie ?
 Egor Gaïdar, car il a réussi en deux ans ce que ni Lénine ni Staline n'avaient su faire : discréditer complètement le capitalisme dans ce pays. » "

il a réussi donc, à détruire complètement l'économie de ce pays, et à la remplacer par rien du tout.

Ce qui me permet d'ailleurs aussi de répondre à un internaute.
Pour la Russie stalinienne et communiste, je dirais comme Braudel. Elle a plus d'éléments de continuité avec le passé, que d'éléments de ruptures.

Le problème de la Russie est clairement indiqué par Malthus : on n'y vit pour rien. A son époque, cela représente la somme de 5 roubles par an.
Il n'y a pas dans ce pays, d'économie de marché. La plupart des paysans sont autosuffisants, et pour le reste c'est hors de prix.
Une simple donne l'explique : les frais et les difficultés de transport, à l'échelle d'un gigantesque pays continental.
Des marchés villageois existent, certes, mais comme il n'y a rien, ou que les produits dont tout le monde dispose, les sommes échangées sont très faibles.

Voltaire enfoncera le clou. Comme pour son ennemi suédois, la Russie n'a pratiquement au début du XVIII° siècle, aucune circulation monétaire. A peine 25 millions, contre 4 000 millions d'espèces en France en 1789 (la moitié étant thésaurisée).
Les essais de lancements de monnaie fiduciaire, tant en Suéde qu'en Russie (à base de cuivre), butent dans les deux pays sur l'absence de produits à acheter et se transforme en inflation pure.
Aussi, on voit dans les dernières années du tsarisme une main d'oeuvre mouvante, prête à faire des centaines de kilomètres pour quelques roubles, et rapporté aux temps et aux kilomètres parcours, le gain rapporté au temps est très mince.
Cette manière de faire est incompréhensible aux occidentaux témoins, sauf si on prend en compte la pénurie absolue d'argent.

Dès le 14° siècle, déjà, le pouvoir politique industrialise. Sans pouvoir politique, il n'y a pas de fabriques. L'industrialisation de la fin du XIX°siècle n'échappe pas à la règle. Le secteur public y largement encore prépondérant. En 1916 il assure directement 45 % de la production, et pour le reste, on peut estimer que l'état assure les 2/3 des commandes.
Les grandes usines existent alors (on peut citer poutilov), mais à l'image d'avionneurs célèbres, ils ne dépendent pratiquement que de commandes publiques (armement et chemins de fer).

le constat est simple. Les mécanismes de base ne fonctionnent pas en Russie. Faute de produits de consommation, les paysans de 1914-1916 cessent très vite de livrer leurs produits, alors que la masse monétaire explose.
Travailler plus pour gagner plus, ils ne sont pas forcément contre, mais travailler pour gagner de la monnaie de singe, ils ne sont pas forcément pour.
La donne sera la même pour les années 1920.
Pourquoi travailler et livrer pour du papier sans valeur, pensent les moujiks ?
Le problème devient général : vendre à meilleur prix n'apporte rien, il n'y a rien à acheter.

Avec la guerre, dès que les stocks de piéces détachés sont consommés, les usines s'arrêtent, les trains ne circulent plus.

Aussi, dès 1780, il n'y a pas le choix : c'est dans l'exportation que l'on cherche la solution. Les bois, les fourrures puis les premiers bateaux de grains , et cela explique la pugnacité du pouvoir russe à chercher des débouchés maritimes. Sans eux on est dépendant d'autres pays et/ou de castes de marchands qui captent la plus value.

A cela, il faut rajouter les spécificités russes : la famine est un moyen de gouvernement amplement utilisé sous la période tsariste. (Staline s'il récidive, n'innove pas). L'industrialisation demande des capitaux que la paysannerie est priée de fournir, même au prix de sa vie.

La police politique a tous les pouvoirs, un état de siège, quasiment ininterrompu règne de 1881 à 1904.


La propriété privé y est quasiment inconnue. Seule la Sibérie connaît le paysan propriétaire.
Avec l'abolition du servage, il y a partage des terres : 1/3 pour la noblesse, 2/3 pour le MIR, l'assemblée villageoise chargée de répartir les terres.
Les Moujiks ne pourront se retirer du mir qu'en 1906. Ils doivent racheter les terres à la noblesse, dans certaines régions trois fois le prix. Le prix sera honnête seulement en Pologne : il faut punir la noblesse, indépendantiste.

La démarche soviétique, la démarche tsariste et même la démarche Elstinienne se ressemble : on crée une caste, qui met en coupe réglée la population.

La période gaïdar a finalement prouvée une chose :  la Russie a des désavantages évidents, causé par son espace et son enclavement.
Economiquement, elle est grevée par cette géographie, à l'image de tous les pays continentaux et n'existe que difficilement.
Les différents pouvoirs qui se succèdent tombent rapidement tous dans le même travers, à savoir vouloir contrôler une population très faible en densité.
Cette faiblesse de densité accroît les difficultés géographiques. Le seuil critique pour le bon fonctionnement d'une économie n'est finalement pas atteint.

Moralité : le pays à travers les époques mise sur ses ressources naturelles exportables pour pouvoir exister dans un environnement extérieur difficile. Ses démêlés avec ses voisins agressifs n'ont pas été rêvés. Les guerres ont été longues aux temps historiques : guerre contre la Suéde (1 million de morts pour 10 millions d'habitants), guerres contre la pologne, guerres contre la Turquie et elles l'ont poussé à l'expansion sur la seule frontière tranquille à l'époque (la Sibérie).

Cette géographie immense accroît les tendances centrifuges. Le riverain de la mer noire, L'habitant de Saint Petersburg et celui de Vladivostock n'ont pas les mêmes références, ce qui accroît à son tour, encore la défiance du pouvoir politique.

Les dirigeants russes ont certainement exagéré les tendances à travers toutes les époques et cela souvent avec férocité (il n'y a pas qu'avec les communistes), mais il y a une chose qui est sûr :  la réponse fut souvent, malgré ces excès, très pragmatique et très adaptée au pays.
Il faut signaler aussi un travers récurrent : la création à chaque fois d'une aristocratie.
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B
<br /> France : le moral des industriels se tasse en décembre.<br /> <br /> L'amélioration du climat conjoncturel marque de nouveau le pas dans l'industrie manufacturière en décembre 2009, a annoncé l'Insee.<br /> <br /> L'indicateur synthétique du climat des affaires a reculé d'un point à 89 et se maintient à un niveau toujours inférieur à sa moyenne de longue période. Les économistes interrogés par Reuters<br /> visaient en moyenne 91.<br /> <br /> Les perspectives personnelles de production sont moins bien orientées qu'en novembre. Les industriels anticipent ainsi un léger ralentissement de l'activité au cours des prochains mois.<br /> <br /> Les perspectives générales, qui représentent l'opinion des industriels sur l'activité de l'industrie dans son ensemble, s'effritent également ; mais elles restent proches de leur moyenne de long<br /> terme.<br /> <br /> Le jugement des entrepreneurs sur leur activité des derniers mois est désormais très proche de sa moyenne de longue période. Les stocks de produits finis demeurent jugés très inférieurs à leur<br /> niveau de longue période.<br /> <br /> Cependant, les carnets de commandes, globaux et étrangers, sont toujours considérés comme très peu étoffés. En particulier, le niveau des carnets de commandes étrangers se dégrade sensiblement en<br /> décembre.<br /> <br /> http://www.boursorama.com/international/detail_actu_intern.phtml?num=ceb48d4bf20d70ac98a8040a32720e87<br /> <br /> <br />
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