Le déni de réalité
L'homme vit dans l'aveuglement, car c'est un animal capable d'anticiper, et d'anticiper sa propre mort, le moment où il ne sera plus là.
Mais le déni de réalité à l'heure actuelle existe aussi au niveau global.
Au niveau pétrolier, il atteint des sommets.
Les gouvernements n'aperçoivent pas le problème ou ne veulent pas l'apercevoir, c'est trop dur, trop compliqué, ça change du ron-ron tout fait du libéralisme auquel on fait référence.
Pourtant, les alarmes clignotent aussi dans les appareils gouvernementaux, notamment chez les militaires.
Leur métier, c'est de faire la guerre et d'anticiper ce que pourrait être la suivante (dans les années 1930, les USA avaient planifié l'invasion du Canada).
"En 2012, les surplus de capacité de production de pétrole pourraient disparaître entièrement, et dès 2015, le déficit de production pourrait être proche de 10 millions de barils par jour. "
Ceci pour le département de la défense US, à l'identique d'ailleurs, dans l'armée allemande, et sans doute dans beaucoup d'autres...
On peut noter d'ailleurs, qu'une bonne partie de la population mondiale est déjà dans la posture post-pétrolière.
Le paysan roumain, qui vit dans sa maison, autosuffisant localement, ou troquant avec ses voisins est déjà dans cette posture.
Mais elle est politiquement et économiquement incorrecte.
Le libéralisme économique et l'ouverture des frontières sont un ramassis de conneries avec une production pétrolière déclinante.
Mais d'ailleurs, cette appréhension de l'avenir bute aussi sur les individus. On trouve normal de voyager, d'aller au supermarché et on se trouve héroïque de prendre les transports en commun.
Mais cela ne change rien, le citadin, même sans voiture, dépense énormément d'énergie en déplacements (les transports en commun ne fonctionnent pas à l'air du temps), en camions pour le ravitailler, lui et sa petite famille, ainsi qu'en produits pétroliers pour faire fonctionner le tracteur du paysan, un désastre en matière de rendement.
Pour chaque calorie produite, il faut en dépenser plus d'une en fossile...
On retombe, pour le cadre agricole, sur les problèmes signalés par les philosophes du XVIII° siécle, par la Pravda des années 1920, et bien d'autres, le poids insurmontable sur les structures agraires des animaux de traits ou de guerre, que ce soit le boeuf ici ou le cheval là.
Les trois millions de chevaux des années 1780 concurrençaient trop largement l'alimentation humaine -déjà-.
Mais on peut aussi en conclure, pour infirmer la parole d'un lecteur, qu'il sera possible à nos militaires de garder une certaine mécanisation, comme il sera possible de garder une certaine motorisation, de l'ordre de 5 % du parc actuel.
Après tout, nourrir un cheval et nourrir un véhicule, c'est aussi prendre sur les surfaces vivrières, d'une manière pas tellement différente.
L'évolution, par exemple, de la Ville de Detroit, passant à l'agriculture, est une évolution "par tâches", insensible et insidieuse, les seules que puissent accepter gouvernants et gouvernés.
On va donc voir les prix pratiquer le yoyo, dans un contexte variant de pénurie grande à pénurie moins grande, et chaque variation faisant baisser tendanciellement les consommations.
Même d'ailleurs, l'OPEP qui se veut si rassurante, avoue à demi-mots la vérité "elle a toujours encouragé les énergies alternatives".
Déjà, la question politique se pose, le Tsar sera à courtiser, ainsi que les monarques arabes, et de leur bon plaisir dépendra quantité et prix...
"Le cœur du problème n’est pas technique, il est politique. L’économie des démocraties occidentales est une économie de marché fondée sur l’abondance du pétrole. Une pénurie remettra en question l’économie des démocraties, et donc leur fonctionnement. "
Et le pire ? La jet-set, privée de jets, les yachts de plaisance sans une goutte...