Le transport...
Un internaute m'a dit que j'étais catastrophiste sur le problème général des transports. Il s'agit pour lui, finalement, d'une simple crise d'adaptation, en attendant des transports améliorés, en matière de transport maritime, aérien, terrestre, que ce soit en poids lourds, ou en véhicules particuliers.
Je pense qu'il n'en est rien.
En effet, la technologie moins gourmande n'est rien d'autre qu'une politique d'étalement du choc pétrolier, mais qui ne règle pas le problème de fond.
Je ne suis pas né non plus de la dernière pluie. J'ai bien entendu, ce qu'il se disait il y a plus de trente ans, sur les porte-containers.
Grâce à eux, placements miracles, les frais de transports seraient, dans les années 1980, bon marché, facile. Cela a été vrai.
Bien sûr, on peut les améliorer, mais toutes ces améliorations ont une limite, et qui bute sur une limite économique : l'absence de fret de retour pour les asiatiques, sur l'Europe et les USA.
Donc, cette politique a une limite.
En gros, pour 1 navire construit, il s'en détruit 3. Donc, pour les armateurs, la destruction des plus anciens navires est une réponse rationnelle à un état de fait : le secteur est surdimensionné.
Il y a atonie de la demande occidentale, absence de fret de retour, et les immobilisations coûtent cher, et un navire inutilisé vieillit à grande vitesse.
Sans doute le secteur se stabilisera, quand il aura atteint un point d'équilibre. Il faudra que les destructions tombent au niveau de la production. C'est pas demain la veille.
Pour le transport aérien, il n'y a pas de rentabilité depuis 10 ans. Pourtant, classiquement, les compagnies font ce qu'il faut pour rétablir la rentabilité : suppressions des unités les plus anciennes, et les plus gourmandes, suppressions des lignes déficitaires, suppressions des employés, alignement progressif sur le low cost. Rien n'y fait.
Mais là, c'est pire. Parce qu'un avion détruit vaut très cher, en piéces détachées.
ça ne change rien, au fait que le carburant est de plus en plus cher, et annihile tous les progrès faits.
Que ce soit pour les ports, comme pour les aéroports, il n'y a que les plus gros qui survivent. Ils coûtent très chers, et ont besoin d'un flux constant.
Pour le transport en camion, ou le transport individuel, on voit aussi très bien quel est le problème, le coût
du carburant. Bien sûr, on réduit les consommations unitaires. Mais bientôt, elles vont tomber à un niveau incompressible, ou du moins, plus difficilement compressible.
Là aussi, on atteint la loi des rendements décroissants. Les premiers progrès
sont faciles, mais quand la consommation est tombée à 3.5 L au cent, il n'y a plus grand chose de possible.
facteur aggravant, le parc automobile français est passé de 14 à 28 millions entre 1974 et 2000, même si la consommation unitaire a baissé de moitié, le résultat est donc nul, les véhicules ont monté en gammes, et le nombre de km s'est
accru...
Ma première bagnole faisait honnêtement ses 11 litres au cent, ma dernière en fait 4,5. Soit un gain de 6.5 litres ou 60 %. ça m'étonnerait qu'on arrive à en faire encore autant. Bien sûr, le parc en son entier peut évoluer, mais l'ajustement est déjà en marche, sans résultat, sauf une politique d'étalement des chocs pétroliers, mais qui ne règle pas le problème de fond.
Après, là aussi, il n'y aura qu'une variable d'ajustement : le nombre de véhicules. On aura donc un mélange de modernisation et de réduction, l'un n'empêche pas l'autre, mais les deux sont complémentaires.
L'effondrement de l'URSS a été un kriegspiel parfait : la remise en ordre a été un mélange de suppressions diverses et de modernisations, qui a amené la consommation interne de 400 millions de tonnes de pétrole à 200.
Bien sûr, le fait que quelques millions de personnes soient mortes à cause de l'ajustement n'est absolument pas catastrophique ???
Globalement, au plan énergétique, il faudra donc poser la bonne question : celle de la non consommation.
Par exemple, le radio réveil, inexistant en 1973, est aujourd'hui généralisé, souvent en plusieurs exemplaires dans le logement. A la différence de l'ancien réveil mécanique, il consomme de l'électricité, pour un gain de confort, marginal.
Il faudra se poser la question, pour la totalité des consommations...