Les grands foirages de l'hiver...
On a donc eu droits aux grands foirages de l'hiver, à savoir le foirage des transports, SNCF, ADP et compagnies aériennes diverses, dont Air France - KLM.
Il est cocasse de voir les zélotes néolibéraux défendre des entreprises, désormais privatisées ou agissant avec une logique privative, et nous dire, notamment dans "C dans l'eau" que les entreprises "ne pouvaient pas tout".
D'ailleurs, dans la logique libérale, seule la "CGT-attardée-à-sauver-des-archaïsmes-peut-être-responsable".
Manque de bol, dans beaucoup d'endroits, la CGT disparaît, remplacé par SUD, et les grèves habituellement évoquées, n'ont même pas eu lieu...
En réalité, il y a trois responsables, c'est le défaut d'investissement, le flux tendu, et les aberrations de gestions.
ça n'étonnera personne de savoir que ni RATP, ni SNCF ou leur avatars comme RFF n'entretiennent correctement les lignes.
L'entretien est toujours un coût, et les entreprises en France sont protégés contre les class-actions.
Donc, on peut systématiquement tout foirer, on peut tuer, il n'y a pas, ni responsable, ni condamnation. La seule particularité française étant une obligation de résultat, qui entraîne indemnisation si vous mourrez en route (z'en avez de la chance, bande de petits canaillous...).
Quand une compagnie de gaz fait pêter un immeuble et estourbi sa population, la condamnation tant civile que pénale n'a pas peur du ridicule, surtout si on compare amendes et indemnisations, au montant des distributions de bénéfices...
En gros, pour ces compagnies, il vaut mieux les morts qu'investir, ça coûte moins cher, les sociétés ne font même pas appel...
Pour SNCF, et ADP, elles sont, elles aussi, à flux tendus. Elles ont calibrés leurs interventions, et ne sont, tout bonnement, pas capables d'absorber la moindre augmentation d'activité.
Le salarié est pressuré habituellement, et est donc incapable de faire plus.
Le pendant de cela, c'est qu'il faut beaucoup d'encadrement pour convenablement pressurer le salarié, et les entreprises ressemblent de plus en plus à des armées-du-général-Alcazar, à savoir 3500 colonels et 49 caporaux...
On peut voir aussi des comportements complétement croquignols : le dégivrant manquait, car commandé à tatouine les eaux (alors que les transports locaux étaient bloqués), pendant que les producteurs sur place n'étaient pas sollicités, sans doute à cause d'une tentative ratée d'esclavagisation de ceux-ci.
Si ça se trouve, les dirigeants des deux sociétés ne peuvent pas s'empiffrer...
Il est à noter qu'Orly, où le dégivrage des avions dépend des compagnies, n'a manqué de rien.
On atteint là aussi, les limites : ADP, à la limite, se fout de ce qui arrive aux clients des compagnies aériennes, ce sont celles-ci qui en sont en charge...
Après, quand on leur demande pourquoi ils ne se sont pas servis chez le producteur local, la réponse est
pitoyable : "c'était pas le même glycol..."
Donc, pourquoi dépenser de l'argent à avoir une structure trop grande, si on peut refiler les déboires au petit copain ?
SNCF, même problème. La compagnie, voulant être "moderne" est incapable d'affronter les variations du trafic. On ressort les vieilles locos, pas trop entretenues, et comme on casse la société en plusieurs entités "indépendantes", on multiplie l'encadrement et les gestionnaires, sans avoir les productifs.
En plus, comme les entités sont autonomes, celles-ci se contrefichent comme d'une guigne de ce qui arrive au petit copain.
La comptabilité analytique, c'est très bien, mais ça produit des dérives, parfois cocasses, comme ces types assis autour d'une table et qui passent leur temps à se facturer les uns les autres, parfois plus énervantes, comme ce Strasbourg-Port Bou, arrivé avec 24 heures de retard, mais sans responsable ni coupable, seulement des victimes, avec qui on claironne la "solidarité", mais certainement pas l'indemnisation... (On va pas parler d'argent entre nous, quand même ?).
On note aussi certaines dérives. On peut se demander si ADP est une agence immobilière, ou un aéroport.
En réalité, que ce soit pour la RATP, la SNCF, ADP; ou encore d'autres, on atteint les limites d'un système, celui de l'économie de marché.
Tous ces incidents prouvent que ce ne sont pas des troubles, mais le fonctionnement normal du marché.
Pour gagner de l'argent, il faut qu'ils fonctionnent à 100 % de leur capacité, tout le temps. Or, "tout le temps", n'est pas possible.
Il faut conserver, sous le pied, des disponibilités, en hommes, en stocks, en matériels.
Tous ces incidents prouvent qu'il n'y a plus ces disponibilités qui faisaient qu'on pouvait absorber des aléas climatiques, des aléas comme les vacances, ou tout autre aléas, comme on le voit actuellement avec les inondations dans le Queensland en Australie.
Là aussi, l'étalement des villes ne prévoie tout simplement pas l'aléa.
Pourtant, qu'il y ait des vacances, c'est prévisible.
Qu'il y ait des chutes de neige, c'est pas impossible non plus.
Qu'il y ait des inondations, c'est de l'ordre de l'imaginable aussi. Que ce soit en Vendée ou en Australie, il est aberrant de construire dans certains endroits, et les maisons à un niveau sont encore plus une aberration...
Mais ne pas prévoir, c'est toujours moins coûteux que de prévoir, sauf pour celui qui en est victime.
Le prix de la nourriture augmente fortement ces temps-ci. On arrive à une remarque stalinienne.
Joseph Staline avait dit à Churchill à Téhéran que l'agriculture russe ne pouvait se permettre deux ans de bonne récolte et une de mauvaise.
Pour le "marché", c'est au contraire, très bon. La troisième année, c'est la culbute, tant pis si quelques dizaines de millions de personnes meurent.