Les suites des révolutions arabes...
L'occident a parfaitement assimilé la leçon, pour faire perdurer un système économique idiot, injuste et criminogéne, il faut changer le guignol qui dirige les pays à intervalles réguliers, comme cela, ça permet à la même politique idiote, injuste et criminogéne de se perpétuer.
L'orient ne disposait pas de ces soupapes de sécurité, qui permet au pouvoir politique de bénéficier de deux ans, "d'état de grâce", avant de se fracasser sur le mur du toujours pareil.
Les gouvernants tunisiens sont sur cette longueur d'onde. Ils veulent tout modifier, pour tout garder et maintenir la classe ouvrière sous le joug.
Même dissoudre le parti au pouvoir peut être habile. Les individus, coulés au moule, pourront même créer d'autres partis, pour faire croire au changement.
Seulement, là aussi, comme en 1788, comme en 1916, le seul "scrupule" (petit caillou dans la chaussure) qui gêne, c'est que les 32 millions d'égyptiens dans la pauvreté, et les millions de tunisiens dans la même pauvreté sont sourds : ventre affamé n'a pas d'oreilles.
Encore faut il voir que la pauvreté réelle est sans commune mesure avec celle officielle.
le policier tunisien qui gagne 200 euros par mois, avec 5 personnes à charge, est officiellement, "hors la gêne".
En réalité, si l'on calcule le pouvoir d'achat par jour et par personne, on arrive à 1.33 euros, soit 1.80 USD, soit moins que le seuil de pauvreté.
Bien entendu, en Egypte comme en Tunisie, peut être que la manoeuvre va fonctionner quelques mois : on dissout le parti, on renvoie les têtes les plus visibles, mais au delà, on ne change pas l'échec économique complet qui les caractérise.
Les statistiques, meilleure manière de mentir, sont bien entendu, biaisé. Le tourisme, dans les deux cas tunisiens et egyptiens, font vivre très peu de monde, et sont très extravertis. Il a fallu, pour bâtir les complexes, dépenser beaucoup d'argent, qui rentre dans le PIB, mais pas dans la poche des gens du peuple.
Comme les 22 % du PIB US crée par les "services bancaires", qui sont plus un boulet qu'un montant réel.
Les pays ont sacrifiés leur agriculture, qui a un potentiel important, au profit, comme toujours, d'une agriculture d'exportation, sans rapport avec la vie de sa population.
Bien entendu, le cas egyptien est différent (forte population, peu de terres cultivables), mais là aussi, l'agriculture a été vu comme une activité dépassée, et surtout, on n'a que peu essayé d'arrêter la destruction de terres agricoles au profit de l'urbanisation.
Le tourisme a prouvé ses limites, d'abord par la crise qui a raréfié le volume du tourisme, ensuite par son caractère absolument précaire, comme les événements actuels l'ont prouvé.
Il est visible aussi que la chute de Ben Ali n'était pas inscrite dans les gênes. En effet, s'il avait destiné un peu d'argent, pas grand chose sans doute, à la subvention d'une économie agricole "à la malawite", il aurait sans doute évité beaucoup de problèmes, tout autant qu'en laissant vivre une petite économie informelle de petits vendeurs.
Il est d'ailleurs amusant de voir le petit Malawi affamé de 2005 être devenu un exportateur structurel de céréales, sans avoir abdiqué devant monsantence et son bras armé le gouvernement US, et engrangé au sens littéral du terme, cette année, comme en 2008, les fruits de cette politique sous forme d'une corne d'abondance, certes très relative, mais réelle.
Moralité : il ne faut écouter les statistiques. Si on s'en référe aux USA, on voit bien que le PIB est surtout un bidon de 159 litres : 22 % pour les services bancaires + 12 % pour les services aux entreprises + 12 % pour le commerce.
46 % du PIB relève de l'idéologie et du pipotron, mais la part productive est réduite : 11 % pour l'industrie, 2 % pour l'extraction et 4 % pour l'immobilier...
Certains ont voulu rappeler l'Holodomor, et l'holodomor, c'est quoi ? Pendant qu'une population meure de faim, on exporte.(Système inventé d'ailleurs, sous les
tsars, mais aussi pratiqué en Irlande, pendant la grande famine, au nom du libéralisme économique).
Le système occidental a donc imité Staline, en pire, parce que le système occidental s'est étendu à la planète entière.
En outre, en la matière, il est toujours difficile de faire la part des choses : en 1941, Hitler est catastrophé par la bonne santé de la population ukrainienne, ce qui cadre mal avec une famine trop importante en 1933, les conséquences humaines en matière de santé d'une famine s'étendant sur 2 générations.
En outre, la carte
des pays reconnaissant l'Holodomor reléve aujourd'hui encore, plus de la politique que de l'objectivité (OEA + europe de l'est) et comme je
l'ai rappelé, les dirigeants soviétiques étaient excédés et par les moujiks et par les poivrots (les gouvernements russes d'ailleurs oscillent
depuis 6 siécles entre monopole d'état, interdictions, proscriptions et persécutions des buveurs).
Et les moujiks-poivrots avaient une tendance fâcheuse à distiller les récoltes dans des proportions énormes, et à ne pas approvisionner les villes.
De plus, depuis la pomme de terre, il n'y a eu qu'une grande famine ; celle d'Irlande, causée par le système économique, car si la récolte de pomme de terre de
l'époque avait été mauvaise, celle de céréale fut excellente, mais exportée (en Angleterre).
Très souvent, d'ailleurs, les gouvernants ont eu, vis-à-vis des campagnes, la politique du bâton, hors toute idéologie. Jusqu'en 1789, d'ailleurs, l'église lutta
contre la pomme de terre, parce qu'elle était difficilement dimable et autonomisait les populations rurales...
La différence est dans le contexte actuel : on ne peut même pas manier le bâton contre les populations rurales...