Mort de M. Thatcher...
ça y est, elle est morte. Elle est morte contreversée, enfin, et du moins, pour un temps. Il est probable qu'elle passera aux poubelles de l'histoire, comme un petit roquet vindicatif, chose courante chez les malades d'alzheimer à un certain stade de maladie.
Mais, chose étrange, dans son camp, on a mis très longtemps à s'en apercevoir et à l'éliminer. Etudions posément son "bilan". Pour ce, je prends la "perspective monde de l'université de Sherbrooke", site assez bien fait, même s'il répond partiellement à la Doxa ambiante, en donnant beaucoup de statistiques sans intérêt et trop manipulés, il en donne aussi de précieuses.
On
peut donc constater que M. T n'a pas fait mieux qu'auparavant, malgré tout le bourrage de mou qu'on nous adresse. La croissance, mot magique des libéraux, est restée telle qu'elle même et si l'on
compte les creux entourant sa période de pouvoir, moins qu'avant. Et qu'après.
Le propre des creux étant de voir des rebonds, ou des surchauffes les entourer, là, il n'y a même pas eu ça, sauf, peut être en 1993... Mais, avec une dévaluation
carabinée, restée célébre.
On peut mettre en parallèle avec un autre graphique :
La "victoire" britannique contre le chômage est surtout un masque statistiques, les mères aux foyers ont été prié d'y rester, et il est facile de se faire mettre en invalidité.
Les régions minières, par exemple, ont vu la quasi totalité des anciens mineurs accéder à ce statut.
Autre chose très intéressante :
En rapprochant ce schéma de celui de l'évolution du PIB, on voit que le Royaume-Uni, littéralement dopé aux métamphétamines, n'a eu aucun effet bénéfique de la découverte gazière et pétrolière. Il s'est simplement désindustrialisé, devant la montée de la livre.
La "Dutch disease", par excellence. Si la consommation d'énergie a de ce fait, reculé pendant quelques années, elle a retrouvé et dépassé son niveau depuis, et le
Royaume est devenu un pays sous développé avec un gros train de vie.
Celui-ci est alimenté par sa place financière londonienne, et sa politique bienveillante envers les plus riches. Ceux-ci, comme d'aimables niais et des connards finis, sont attirés par un régime
fiscal bienveillant, et confient leurs sous à la City, qui les place.
Enfin, qui les placent surtout dans sa propre poche, car dans la globalité des contrats, c'est l'arbitraire du choix du courtier qui décide qui perd et gagne.
Il est donc très facile d'imputer des pertes à un tel ou un tel, comme l'a démontré le cas du naïf Kadhafi, où un fond de placement libyen est passé d'un milliard de dollars, à presque rien.
C'est bien ce qu'avait décrit Keynes ET Braudel. Le financier, c'est celui qui donne les conseils, lui empoche les commissions, et les autres prennent les risques. Magique, non ???
Il y a belle lurette que le RU n'a pas dégagé d'excédents du commerce extérieur, et que cette arnaque à grande échelle fonctionne.
Malgré une production d'énergie locale importante, charbon d'abord, gaz et pétrole ensuite, on ne voit aucun effet décelable sur le PIB.
A une nuance près, la découverte de la mer du nord à permis à M.T de liquider bruyamment les charbonnages, essentiellement pour faire la place aux financiers et aux
gaziers, avides de débouchés, qui n'existaient pas, ou pas suffisamment, notamment pour la production électrique.
En effet, les charbonnages étaient syndiqués, et les 2/3 des puits, rentables. Seulement, à cette époque, il a été décidé que le charbon c'était pas moderne, démodé et sale.
A d'autres point de vue, notamment l'endettement, d'autres schémas. La diminution de la dette publique dont on la crédite est un ancien mouvement amorcé en 1947, il
a été bien moins violent qu'ailleurs, parce que déjà, la livre était monnaie internationale, et qu'on n'a pas pu, après guerre lui appliqué les recettes italiennes, françaises (dévaluation et
inflation) ou allemande (division par 10).
Si elle a partiellement suivi les voies françaises et italiennes, les dévaluations ont eu lieu trop tard, trop peu, et le recul industriel a eu lieu dès les années 1950.
La dette totale, est passé de 110 % du Pib lors de sa prise de pouvoir, à 500 % aujourd'hui. Les privatisations surtout, ont été source d'endettement, notamment des ménages qui ont pu acquérir leur logement social certes à prix amical, mais laissant dans les mains des pouvoirs publics les cités les plus pourries et les plus mal entretenues.
Moralité : les résultats économiques de M. T ont été dans la droite ligne de la place du Royaume Uni dans l'économie mondiale.
Elle n'a pas pété des flammes, et les erreurs économiques ont été recouvertes d'un tapis de gaz et de pétrole.
Les inégalités ont flambé, le RU est désindustrialisé, donc le bilan n'est pas mitigé, ni globalement positif, il est, du simple point de vue économique, complétement désastreux.
M. T comme Ronald Reagan ont été des catastrophes alzheimerisées, mais le désastre, caché derrière une propagande maximaliste, différé, un peu. A 25 ans de
distance, pour la vie des nations, c'est peu.
Le seul mérite de M. T a été de prévoir que l'union européenne était une dictature. Mais parce qu'elle représentait la City, et pas en fonction du peuple anglais...