Norvége ou le syndrome de Nauru...
Il y a eu un frappadingue en Norvége, nous dit on, dans un pays si bien comme il faut, si prévoyant, si préparateur de l'avenir.
En réalité, qu'en est il ? Pensons d'abord au fond souverain norvégien "pour les générations futures", chargé de gérer les placements faits grâce à l'argent du pétrole et du gaz.
560 milliards de $, placé ainsi :
- 38.6 % en obligations,
- 61.3 % en actions,
- 0.1 % en immobilier.
Nauru est une petite île du pacifique, indépendante en 1968, riche en 1980, raide comme un passe-lacet aujourd'hui.
Cette petite île produisait du phosphate. Tout son sol était de la merde d'oiseau accumulée pendant des siècles, et ils ont exporté le sol de leur patrie, et placé l'excédent.
Comme les placements ont été particulièrements judicieux, ils ne leur restent plus rien, que des cailloux sur une île au paysage lunaire. Certains ont proposés d'enlever les cailloux, pour creuser en dessous encore, et cette fois, vendre le sous sol. Total, il ne leur resterait rien, même plus un sol où poser le pied.
Il n'y a qu'une vérité, c'est que la richesse ne se transmet pas dans le temps. Le fond norvégien, c'est un gros rien du tout.
Les obligations sont étroitement soumises à l'existence même d'une monnaie, hors, périodiquement, elles disparaissent, et d'autres apparaissent, mais cette fois, c'est promis, ce sera différent.
En fin, c'est ce qu'on dit, à chaque fois, comme chaque fois. Dans le dernier millénaire, ça a été promis une centaine de fois.
Plus que la promesse d'ivrogne, la promesse du financier est totalement illusoire.
Il reste que le problème Norvégien EST ENCORE PLUS GRAVE qu'il n'y parait. En effet, la Norvége est un grand pays de 385 199 Km2, pour 4 920 305 habitants. Il est donc objectivement, vide. Mais ce vide est trop plein.
En effet, la surface agricole utile de la Norvége est de ... 3 %. Ce qui est totalement ridicule, et correspond à 12 000 km2.
Avec le seuil historique de 40 habitants au km2, la population norvégienne soutenable est de 1000 000 habitants. Le reste de la superficie est exploitable en extensif, ce qui permet de faire survivre environ 1 habitant/km2, et les peuples nordiques ont eu recours de tous temps à la pêche.
Bien entendu, comme le "caractériel obtus et nuisible" est une espèce en pleine prolifération, on a fait appel à l'immigration, parce que c'était une ânerie que tout le monde faisait et qu'on ne voulait pas apparaître intelligent seul dans son coin.
A l'heure où même les émissions télés (ARTE) parlent de pic pétrolier, et disent en gros : "paf on y est", certains persistent et signent dans la dénégation.
Bien entendu, il faut rappeler aux norvégiens, que l'argent, quelque fut le prix, n'a aucune importance dans certaines circonstances, à fortiori, la monnaie fiduciaire, les obligations et les actions, ne permettent rien d'acheter.
C'est d'ailleurs, ce qui a été dit par un ministre allemand aux britanniques, quand ils se sont mis à importer du gaz russe.
La faculté, aussi, d'importer des denrées alimentaires dépend aussi fortement du fait qu'il y ait -ou pas- des exportateurs.
Les greniers à blé, en 2008, ont préférés suspendre les exportations plutôt que les troubles sociaux. Russie, Ukraine, ont vu leur prix donc augmenter légèrement sur le marché intérieur, pendant qu'il flambait à l'extérieur.
C'est désormais, le monde qui s'URSSArise. En effet, c'était toujours l'inquiétude en URSS pour les récoltes, dans un pays où les aléas climatiques sont immenses, et peuvent bouleverser les situations du tout au tout. Désormais, il est clair que c'est le monde qui dépend de quelques greniers, et des événements climatiques qui s'y déroulent.
En gros, on est de retour au XVIII° siècle, où le climat était la hantise des gouvernants.
Dans ce contexte, la Norvége et la Scandinavie en Générale, sauf le Danemark, très agricole et très productif risquent d'être vite dans la situation qui a donné lieu aux invasions vikings dans le reste de l'Europe.
Si les Vikings ont fait, pendant des siècles, des razzias, c'était pour éviter de faire exploser la cocotte-minute démographique. Pendant qu'ils n'étaient pas là, les combattants ne consommaient pas les rares ressources locales, et la mort au combat était glorifiée, pour la raison qu'elle faisait de la place à ceux qui restaient, voués à un sort peu enviable, et toujours à la limite de la survie.
Les scandinaves ne perdirent l'habitude des expéditions guerrières, qu'après la guerre du nord de 1700-1721, où ils subirent une correction monumentale, comme d'habitude, en Russie. Les pertes démographiques furent énormes.
Si pour d'autres pays, le peak pétrolier sera très grave, il faut raisonner en comparant la surface agricole, et la densité réalisable.
La France a une surface agricole utile de 450 000 km2, et le maximum observé, fin XIX° siècle est une densité de 80 habitants/km2, on peut, en tenant compte de certains progrès agricoles (les réels), sans doute atteindre 120 habitants au Km2.
Le rapport norvégien lui, est quasiment ridicule. 12 000 km2 exploitable, et sans doute, vu les conditions climatiques, pas de possiblités de dépasser 40 hab/km2.
Il sera logique, donc, qu'il arrive ce qui était la norme jusqu'en 1814 : la Norvége va passer sous contrôle danois.
En effet, le Danemark fournissait les céréales à la Norvége, qui lui fournissait les matières premières diverses. Là, on peut imaginer "nourriture contre électricité".
Mais, vraisemblablement, le peak oil entraînera fortement à la baisse la productivité danoise en matière agricole.
Les norvégiens pourront méditer, pendant les longues soirées d'hiver le proverbe "Oil in the ground is better than dollar in bank", pendant qu'ils crèveront la dalle.
Le pétrole de la mer du nord, qui aurait pu être utile pendant des siècles, aura été flambé en quelques décennies, pour permettre de rouler en 4X4, de voyager aux Seychelles, toutes choses indispensables.
De plus, les restrictions alimentaires feront réapparaître de vieux compagnons, les carences en vitamines, notamment D.
Certains populations, d'ailleurs, seront plus touchées que d'autre. Il ne fera pas bon être noir, et vivre sous des latitudes élevées. La quasi-totalité des noirs USaméricains new-yorkais (pourtant très largement métissés), d'ailleurs, souffrent de carences au sortir de l'hiver. Leur teint ne leur permet pas, en effet, de tirer parti d'un ensoleillement réduit et même une alimentation riche ne leur permet pas de compenser.
Les "monstres" qui étaient présents au XIX° siècle européens étaient le fruit de leur époque...
En outre, le sketch de Fernand Reynaud, sur le boulanger étranger, n'est marrant qu'en période de sécurité alimentaire absolue. Beaucoup moins en cas d'émeutes frumentaires...