Planche à billet et lutte des classes...
Emmanuel Todd
En réalité, ils ont voté logiquement pour NS. En effet, un retraité, aujourd'hui, c'est quoi ?
- Un rentier, à qui on a bien dit qu'on ne toucherait pas à sa pension, même si 1/10 "n'est pas financée",
- souvent un propriétaire immobilier, donc un bénéficiaire, au moins virtuel, de la bulle,
- il a un peu d'argent, 50 000, 100 000 euros, et s'imagine grand capitaliste, menacé par des hordes de partageux,
- il a un oubli sélectif "il a toujours travaillé", 10 ans en pré retraite, par exemple, c'est complétement évacué, même si juridiquement, c'est du chômage, ou
qu'il ait été protégé par son statut de fonctionnaire,
- le chômage, justement, "c'est des gens qu'ils le veulent bien"... Exemple de mépris de classe pour des gens qui sont finalement, juste un peu en dessous d'eux...
C'est aussi le résultat du référendum de 2005. Ont voté pour Paris, les classes supérieures, les retraités, partiellement les fonctionnaires.
Le système néo-libéral ne peut tenir qu'avec des cohortes importantes de gens épargnés, et 1973 a vu ces cohortes se développer : fonctionnaires et retraités, qui peuvent trouver la politique économique juste et équilibré (et puis TINA : there is no alternative).
Il a donc fallu faire bénéficier un certain nombre de gens de la planche à billet. Pourquoi les retraités auraient été hostiles ? La majorité est propriétaire foncier, et posséde une assurance vie, et de plus, méprisent profondément ceux qui n'ont pas eu le "flair" d'accéder à la propriété, tout en oubliant qu'eux même avaient CDI, salaires indexés, et bonnes carrières.
Oublié aussi, leur début de carrière, où ils changeaient de travail comme de chemises, tellement souvent qu'ils paraitraient maintenant comme des instables et des caractériels finis.
Oublié aussi, leur vote d'il y a bien longtemps pour le Grand Georges (Marchais).
Le reste de la population a clairement basculé dans le refus, et NS a redonné du goût et de la couleur à la lutte des classes : réquisitions et coups de matraques, ça colore de nouveau les choix économiques.
Mais, si le système essaie de rebondir, notamment en Europe en passant clandestinement au stade de l'état fédéral, il faut bien voir que les maitres du jeu sont toujours US. ça a été longtemps pour le meilleur, mais de plus en plus exclusivement pour le pire.
BB (Ben Bernanke, pas Brigitte Bardot) réactive la planche à billet. C'est logique et finalement, la moins pire des solutions.
De toute façon, dès le début, le dénouement était prévisible. ça a toujours fini comme ça. Le pire arrive quand on essaie de replâtrer le système par la phase "rigueur".
ça aussi, c'est très goûté par ceux qui ne sont pas concernés.
Le système est en phase d'implosion continue depuis 40 ans, il arrive au stade terminal. Nul ne peut en sortir intact. Nul ne peut dire encore, "pourvu que ça dure autant que moi".
"Une leçon de l’histoire qu’il ne conviendrait pas de négliger est que les peuples qui en sont réduits à compter sur une intervention divine, ne sont jamais bien loin en réalité de prendre leur propre destin en main". Les élections mid-terms sont passés, avec un résultat mitigé au niveau
de "Tea Party".
En réalité, a pesé lourd aussi les profils personnels des candidats. En effet, des PDG délocalisateurs, même avec une cup of tea, ont été battus...
Les européens eux, vont pouvoir faire faillite sur les dettes qu'ils n'ont pas voulus éponger par la planche à billet...
Trichet, lui, veut mettre le feu au poudre...
Pour répondre à des taquins, NS ne signifie pas "néné le sycophante", ni "Naboléon Solo", ni "Nestor la sulphateuse". Pour ceux qui n'ont pas trouvé, je vous laisse encore chercher.