BURUNDI II
"Techniquement un pays qui se développe peut pendant un temps avoir un déficit commercial. Quand vous construisez des usines et des sites de production, vous vous retrouver à importer des biens d'équipements. Ce qu'il faut regarder c'est le taux d'investissement industriel, notamment pour voir s'il y a une base qui se construit qui permettra ensuite de rembourser les investissements. Mais je crains effectivement que dans le cas du Burundi ce ne soit qu'un mirage. Il en va de même pour des pays comme la Turquie qui risque d'imploser rapidement. Au regard de l'importance du pays, une crise à la grecque en Turquie pourrait sérieusement faire des dégâts.
Sur la question énergétique, je crois que vous exagérez le poids de cette question à l'heure actuelle. C'est bien plus les choix stupides de libre-échange et du globalisme qui sont responsables de la crise. À cela s'ajoute le fait que le centre économique réel du monde est maintenant en Asie, la Chine étant la vraie superpuissance mondiale. Alors que l'ancien empire déclinant n'a pas encore passé officiellement le flambeau. S'ensuivent des crises à répétition et une monnaie globale, le dollar qui n'est plus gagé sur rien du tout.
Quant à la démographie, le problème n'est pas tant la densité d'habitant, l'Afrique est relativement peu peuplée. C'est bien plus une question de rythme la population augmentée de façon naturelle."
Sur cette intervention, j'ai des points d'accords, et de désaccords. Techniquement, il est vrai, qu'un pays qui se développe peut avoir un temps, même long, voire très long, un déficit commercial. Cela a été le cas du japon et de l'Allemagne. Mais il était clair aussi, que leurs exportations étaient visibles, même si elles étaient insuffisantes pour assurer l'équilibre.
Pour le Burundi, et pour d'autres, les perspectives publiées par Usherbrooke nous prouve une chose : le Burundi était bien devenue une économie addict au pétrole, un pétrole payé par une seule chose, le crédit. Que ce soit Rwanda, Burundi, Tanzanie ou Ethiopie (dont on vante la croissance), l'essentiel des déficits vient du matériel de transport. Le taux de couverture des importations industrielles par les exportations est très bas. Le taux de couverture, d'ailleurs, des importations, est très bas.
La Turquie pourrait rentrer dans le cadre d'un décollage, si on ne constatait que son déficit extérieur est quand même, très lourd. Et surtout, son déficit ne baisse qu'à cause du ralentissement de son économie.
Pour l'Ethiopie, le taux de couverture de ses importations industrielles par les exportations atteint le montant fabuleux de ... 3 %. La quasi totalité de son déficit extérieur est constituée par le matériel de transport sous toute ses forme.
La Tanzanie est plus industrialisée, très excédentaire au niveau agricole, mais cela est loin de suffire.
Rwanda et Burundi sont des caricatures. Ils sont devenus des économies de consommation, sans être passé par le stade de la production industrielle.
La question du libre échange et de la libéralisation des flux de capitaux, les prêts FMI à des pays insolvables, ont surgonflés les économies de ces pays, qui ne repose sur rien.
Là où je m'inscris en faux contre ces propos, c'est que la crise énergétique en est une conséquence. Comme en Grèce, Italie et Espagne. La contraction de la demande commandée par l'austérité, est visible ici par la désolvabilisation d'un client dont la solvabilité était totalement artificielle. Le problème du Burundi est le même que le Vénézuela sur le fond (avec la révolution de couleur télécommandée de l'extérieur en moins). Le pays est désolvabilisé. Ce qui entraine, logiquement, sa consommation de pétrole vers beaucoup moins, sinon zéro, du moins, en relation avec son pouvoir d'achat réel, ce qui n'est pas grand chose. Le Vénézuela a encore du pétrole, mais les rentrées qu'il assure son insuffisante pour son économie, et la demande de tous produits, baisse.
Mais ce problème, visiblement, est généralisé, avec des économies en apesanteur, qui consomment, ce que des pays ultra-excédentaire leur vendent.
On atteint ici le niveau décrit par la bible. La consommation s'effondre, victime de la perte de pouvoir d'achat, ici induite par le libre échange, contrarié un temps par le crédit. Paul Bairoch avait raison. Le libre échange est récessionniste, le protectionnisme engendre la progression des échanges.
Je m'inscris encore plus en faux sur la question population. La population africaine EN GENERALE, est clairsemée, sauf dans des endroits précis, dont le Rwanda et le Burundi, dont la population est importante, et les terres, rares :
" Autres causes évoquées : des sociologues et des journalistes avaient insisté sur la grave crise foncière, due à la surpopulation, à laquelle étaient confrontés le Rwanda et le Burundi depuis de nombreuses années. Cette crise foncière dans des pays où la majorité de la population tire sa subsistance des produits de la terre aurait progressivement fait éclater les structures sociales et aurait transformé la région en une poudrière où n'importe quel événement pouvait provoquer une explosion de violence contre le premier bouc émissaire venu. Ces causes, qui ont sans doute joué leur rôle, sont à relativiser car aujourd'hui le problème foncier est tout aussi aigu et tend à s'accentuer, la population actuelle dépassant en nombre celle de 1994. "
Il est clair que l'économie en apesanteur de la dette et du crédit concerne aussi les pays du sud... Le Burundi est aussi une des économies les plus pétro-dépendantes. Il n'y a pas d'alternatives, là-bas, aux indispensables groupes électrogènes qui sont une généralité, pas encore évincée par le renouvelable.
L'apurement de 92 % de la dette en 2009 par le FMI n'a en rien aidé le Burundi, sinon à faire fonctionner une économie fictive. Les aides accordées par les puissances étrangères au budget du Burundi ont fait exactement le même effet.