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La création d'emplois "verts"...

5 Février 2010 , Rédigé par Patrick REYMOND Publié dans #Energie

La création d'emplois "verts"

Analysons un peu, aujourd'hui, la création nette d'emplois verts promis.
600 000 nous dit on, faisons un peu le tour.
Sur les 280 millions de TEP (tonnes équivalents pétrole), 140 millions environs (c'est un ordre de grandeur) sont consommés par le logement.
Qu'est ce qu'un logement "vert" ? C'est un logement consommant peu d'énergie et en produisant plus qu'il n'en consomme.

Fort bien. Que seront ces emplois ? La réponse est simple :
- On va isoler les murs : à l'intérieur, plâtriers, à l'extérieur, façadiers, et pour les ouvertures, menuisiers. En effet, mettre une fenêtre à triple vitrage, ce n'est pas franchement différent que d'en mettre une à simple vitrage.
- On va changer de génération de chauffage et de matériel. Trop souvent fonctionnent des nanards avec un rendement déplorable. On prendra peut être une pompe à chaleur pour remplacer les convecteurs ou la chaudière. Mais rien de fondamentalement différent. Ce sera toujours les plombiers et les électriciens qui travailleront.
- Les combles seront encore plus isolées. On y mettra des VMC double flux. Là aussi, rien de bien nouveau, les puits canadiens commencent à se répandre, en général, ce sont des plombiers qui s'en chargent.
- le solaire thermique et photovoltaïque est dans un des cas; exclusivement le domaine du plombier chauffagiste, et dans l'autre cas, souvent son cas, sinon celui de l'électricien.
- Les récupérations d'eau pluviales aussi, sont le domaine du plombier.

Pour résumer, ça commence mal, car la moitié des économies d'énergie sera assurée par des professions déjà existantes et qui se contenteront de faire évoluer leur gamme.
Bien entendu, on peut y rajouter quelques bureaux d'études, quelques architectes, etc..
.

Deuxième temps, les transports. Ils consomment le quart de l'énergie. Là, on peut dire que la production changera de gamme aussi, fini le temps où, selon les constructeurs en général et GM en particulier, les gens se foutaient de ce qu'ils mettaient dans leur voiture.
Toute la gamme de moyens de transports sera donc plus sobre. Mais cela ne créera pas un pet d'emploi.
En attendant, on retaillera peut être un réseau fluvial et un réseau ferroviaire. Mais, cela, c'est du BTP. Si les péniches circulent mieux, ce sera aussi une destruction nette d'emploi, une seule vaut bien des wagons et bien des camions. Il faudra simplement recreuser quelques canaux et rouvrir les ports fermés au XIX° siècle.

Là, non plus, ce n'est pas gagné, donc, au plus, verra t'on la reconversion des grandes entreprises de BTP et de matériels de transports.

L'industrie, dernier quart de la consommation, elle, est dans une optique d'économies d'energie depuis deux siècles. On y cherche l'efficacité énergétique, et on l'obtient, surtout quand on n'est pas em... bêtés, par le système politique, soit qu'il ne bouge pas (soviétique), soit qu'il pollue comme un cochon au non de l'efficacité économique (USA), soit qu'il mise tout sur les baisses de salaires (délocalisations) et pas du tout sur le reste, et pollue lui aussi, comme un cochon.

Là, aussi, donc, rien de nouveau.

Passons maintenant à la question maintenant, de productions d'énergies renouvelables :

- EDF produit déjà du renouvelable, avec les barrages et dispose déjà de cadres techniques pour le faire, techniciens, ingénieurs, etc...
- Pour les éoliennes, les hydroliennes, c'est une partie en usine, l'autre partie sur site. La partie usine sera faite avec la technologie actuelle, c'est à dire très peu de personnel. Le reste, c'est du BTP.
- les agros carburants ne "profitent" qu'aux gros agriculteurs (quand ils en profitent, car le marché s'avére cyclique), et la question de sa perdurabilité est de mise.
- l'énergie bois crée très peu d'emplois. Très capitalistique, il y a longtemps qu'elle a fait le choix de se passer de main d'oeuvre au profit de machines.
Au mieux, permet elle de recycler des déchêts, au pire, empiéte t'elle sur des produits déjà existants (la sciure permettait de fabriquer de l'aggloméré).

Car il faut bien voir le "double-effet" kiss cool de la mutation énergétique. D'un côté, la consommation va décroitre, volontairement ou involontairement, de l'autre, mécaniquement, le renouvelable, même en restant à son niveau, augmenter (il double si l'on diminue la consommation de moitié).
Pour ce qui est des emplois "verts", ce seront des emplois liés à des investissements de longue durée, mais, qui ont pour effet immédiat aussi de détruire d'autres emplois.

Prenez, par exemple, le solaire thermique. C'est, pour une maison, un chantier court, quinze jours à un mois, pour un zingueur (trois jours), un plombier et son aide (une semaine à eux deux) , en tout, à eux trois 100 heures de travail.
Un chauffe-eau, crée donc, la première année  0.06 emploi. Mais comme, l'économie (la réduction de consommation) de l'un (vous, le consommateur), c'est la perte du chiffre d'affaire de l'autre (le fournisseur de l'énergie que vous ne consommez plus), que l'on peut estimer à 0.03 emploi.
On le voit : le gain est insignifiant la première année, et négatif la troisième. Encore faut il que la première année, ce soit un travail SUPPLEMENTAIRE qui soit crée. Ce qui n'est pas évident. En effet, le changement de système intervient surtout quand l'ancien est à bout de souffle...
En outre, le gain n'a lieu que la première année, la perte se répercute sur la totalité de la durée de vie du matériel...

Toute réduction de consommation va entrainer destructions d'emplois.

On peut donc parier sans risque d'erreur, que la création "d'emplois verts", ne se verra même pas, contrarié par la baisse symétrique d'anciens emplois qui se verront détruits sans rémission.
Depuis 1950, la durée de travail baisse constamment. Le chômage est une conséquence d'une plus grande efficacité productive, reportée sur les salariés.
C'est donc l'organisation totale de la société qu'il faut revoir.

Les occidentaux et les français du moyen-âge, ne vivaient pas que dans le travail, la vie était rythmée par un chômage organisé, autour de fêtes, nombreuses et récurrentes (Dimanches et fêtes de saints, soit environ 130 jours chômés), contrastant avec les quelques périodes de travail intense (les labours et les récoltes), ou les jours où l'énergie était disponible (aux moulins à vent et moulins à eau) et les périodes où l'on faisait semblant de travailler (les corvées, 40 jours).
Dans le livre "Montaillou, village occitan" (1294-1324), on peut constater que les villageois ont beaucoup d'activités (épouillages, bavardages, contreverses, scènes de ménages) mais travaillent à un rythme qui feraient passer les corses pour des hyperactifs caractériels et compulsifs.
Quand aux liens de dépendances organisant la société, ils interdisaient aussi, de se débarrasser de qui que ce soit, d'où le scandale des nobles, quand, après la crise de dépopulation de 1347-1351, leurs gens se mirent à aller voir ailleurs, si l'herbe était plus verte.

Au niveau de la charge de travail, nous pouvons donc envier nos lointains ancêtres, qui eux vivaient dans une société 100 % renouvelable.
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V
<br /> les emplois verts ...<br /> pas si nombreux que ça ...<br /> <br /> 100% d'accord ...<br /> les métiers en place évolueront et puis c'est tout ...<br /> <br /> sans compter les innocents comme moi qui installent eux mêmes leur chauffage au bois, leur puits canadien creusé à la main, leur isolation perso en laine de mouton, leur électricité solaire et<br /> éolienne même pas raccordée au réseau, leur récup d'eau de pluie avec des pompes 12v de récup ...<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Il ne faut pas oublier que le travail donne un sens à la vie de la plupart des gens.<br /> Il va falloir déployer des moyens très larges et souples pour permettre à tous de trouver des voies pour exercer des activités utiles et/ou épanouissantes qui seront autre chose que l'éducation de<br /> masse et la bac pour tous.<br /> Sacré boulot en perspective !<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Décidément, j'adore vos papiers, où partez d'une gogolerie contemporaire (emplois verts, Copenhague, pub EDF à la con) pour dériver vers une problématique fondamentale (le travail) et jusqu'aux<br /> confins géographiques et temporels de "Montaillou, village occitan" au 13ème siècle !<br /> <br /> Je dis banco, on en redemande.<br /> <br /> Bon, trève de compliments.<br /> <br /> Je crois qu'il y a une ébauche de solution au problème du travail dans nos sociétés modernes : le revenu universel.<br /> <br /> Oui, nos sociétés n'ont pas besoin que toute la population travaille. Le chômage est donc structurel.<br /> On peut aussi ajouter que le chômage est un instrument politique aussi : entretenir la peur. Mais c'est un autre débat.<br /> <br /> Donc la solution : tout le monde reçoit de quoi satisfaire ses besoins essentiels. Et ensuite, on lâche la bride (règlementaire, fiscale) aux acharnés, ceux qui veulent bosser 90 heures par<br /> semaine, et donc ceux qui financeraient ce revenu universel.<br /> <br /> Il me semble qu'il s'agirait d'un fair deal.<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Ne pas voir que le travail est heureusement sur une voie d'extinction progressive dans nos société occidentales, c'est refuser de voir l'évidence. Sans parler des psychotiques de style Sarkosyste<br /> (travailler plus pour ..., les 35 heures c'est mal et pis c'est tout, etc), on sait aussi que certains gauchistes obtus genre pcf ou npa sont encore aveuglément dans le mythe du travail (soutiens<br /> au nucléaire, à l'industrie polluante). Que se passera-t-il quand, dans quelques années, on aura 25 ou 30 % de chômeur ?<br /> <br /> <br />
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A
<br /> J'ai trouvé cela sur:<br /> http://www.theatrum-belli.com/<br /> <br /> REFLEXIONS : Pour la création d'une garde nationale à la française<br /> <br /> Sans rapport avec le sujet, mais on voit que tout cela s'organise.<br /> <br /> <br />
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