Retour de la crise pétrolière et alimentaire...
Comme c'est -si peu- la reprise, on revoit pointer la crise pétrolière à l'horizon, et son corollaire obligatoire, la crise alimentaire.
les médias français découvrent la crise algérienne depuis peu, alors que les émeutes y étaient déjà quotidiennes depuis longtemps, mais là, un seuil a été franchi.
Contrairement à la crise des années 1990 et l'insurrection islamiste, cette fois-ci, c'est beaucoup plus sérieux.
En effet, ce sont des émeutes de la faim.
La donne reste identique.
De 1928 à 1973, les prix du pétrole furent bas, il fallait rendre accro au pétrole.
Une fois cette dépendance acquise, ce qui fut long et difficile, le pétrole bon marché disparut.
De 1973 à 2003, ce fut le pétrole cher.
Aujourd'hui, on passe du pétrole cher, au pétrole très cher, et comme la bouffe actuellement, ce n'est que du pétrole, les prix alimentaires font la culbute.
La période du pétrole bon marché et celui du pétrole cher ont désappris à la population de s'approvisionner elle même, et dans la communauté noire US par exemple, c'est même déshonorant.
Ce passage du pétrole cher au pétrole très cher a conduit à l'explosion de la bulle immobilière, et la finance débridée, pousse désormais au crime.
Pour ceux qui ont lu Braudel (Jorion l'a t'il lu ?), les "marchés", chéris des libéraux et des paysans souvent, ne sont qu'une manipulation de taille, et le pouvoir des puissances d'argent ne trouve que les pouvoirs politiques pour s'opposer à lui.
Le roi d'Espagne fit saccager Anvers, avant de commencer une guerre de 50 ans avec les Provinces-Unies, il ne se satisfaisait pas de leur domination économique.
Finalement, il perdit. Un petit fils d'un roi d'Espagne, Louis XIV reprit la même politique, il tentât d'écraser militairement les Provinces-Unies.
On se souvient aussi de l'Union Soviétique. Qu'est ce que ces trois puissances (France, Espagne, URSS) avaient en commun ?
Une chose simple, elles étaient dominées dans le rapport économique, et une seule chose pouvait s'y opposer, le fait du Prince.
Toutes trois ne pouvaient tolérer de se voir piller économiquement, et leur structure, leur taille, faisait que le marché n'y existait tout simplement pas.
Des ministres débiles sous Louis XVI voulaient imposer la libéralisation du marché des blés. Le résultat de leur brillante action fut l'action de Marat, et la taxation du prix du pain pendant près de deux siècles.
Un iranien, nostalgique de la monarchie, disait sur ce blog que le shah n'était pas un tyran. Louis XVI était sans doute bien intentionné aussi. Dommage que le français qui gagnait 1.50 franc par jour n'en ait pas été informé et n'ait vu que la montée du prix du pain, qui lui consommait 80 % de son revenu.
Historiquement aussi, la Russie, comme l'URSS, n'a qu'un seul principe vital qui l'anime, c'est le principe politique, et ce pour une seule bonne raison, la densité humaine.
Elle est de 8.3 hab au km2, c'est à dire, encore moins sur la plupart de sa superficie. Le "triomphe" du capitalisme n'y a donc jamais été que bref.
Certains disent que la corruption a freiné le développement des infrastructures autoroutières, contrairement à la Chine. (1 500 km construit récemment, contre plus de 30 000).
En réalité, la corruption et la mafia sont davantage chinoises que russes, mais tous les projets sont rentables en Chine, eut égard, justement à la densité humaine, et ne le sont pas en Russie, toujours eu égard à la densité humaine.
La Russie, c'est des villes perdues au milieu de nul part. Le retour du marché des années 1980 (et la baisse des prix des matières premières) avait un but : couler l'économie minière de l'URSS et esclavagiser le tiers monde.
Aujourd'hui, changement de décor. Les ressources faciles sont épuiser, et le prix des matières premières minières flambent. On paie aussi le non-investissement qu'il y a eu sur 25 ans, ainsi que les fermetures intempestives d'unités "non-rentables".
Comme l'a dit récemment Gorbatchev, l'URSS ne se serait pas effondré avec un baril de pétrole à 140 $.
Les prix du pétrole augmentent à nouveau. Avec un décalé, on va donc assister à une nouvelle récession économique, en pire.
Car là, les séquelles de la crise n'ont pas été digérées, les victimes enquistées et culpabilisées.
Les bénéfices augmentent, au même rythme que le chômage, le lustre de la cour de Louis XVI, de celle du Shah, fait tâche dans la misère qui s'étend.
On nous dit que nous ne pouvons laisser la dette à nos zenfants et piti-zenfants. Que dit on aux Algériens alors que le pays est submergé par les pétro et gazo devises ?
Les classes dirigeantes verraient bien les choses continuer ainsi, mais il y a de gros "hics".
Ces hics portent le nom de déficit budgétaire et chômage.
On l'a vu depuis 1973, les sociétés peuvent résister longtemps, mais certainement pas indéfiniment. Alors, ceux qui, dès 1973 disaient que le chômage conduirait à la révolution s'ils avaient tort, n'ont eu tort que sur le terme.
Pour Todd, l'euro n'a que peu de chance de passer l'année, comme il est vraisemblable une crise chinoise, trop dépendante des exportations.
La crise que nous vivons n'a qu'un exemple historique, c'est la crise du XIV°siècle : crise de l'état, crise de l'endettement, épisodes révolutionnaires, crises de subsistances, effondrement de la population et pandémies.