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L'acte économique de bâtir une maison...

14 Septembre 2009 , Rédigé par Patrick REYMOND Publié dans #Immobilier

Bâtir une maison est un acte économique et politique profond.
En effet, ce sont des arbitrages et des choix. Peut on rêver de mieux comme définition du politique ?
Ces choix peuvent être conscients, ou inconscients, formatés ou non.
Il est clair que les choix dans les années d'après guerre, n'étaient guère conscients. On les faisaient pour vous, il fallait bâtir vite et standard, et le fait de consommer des ressources étaient sans importance, elles étaient abondantes et bon marché.
Pourquoi donc "dépenser" pour être efficient, ce ne serait jamais remboursé...
Voilà la trame d'après guerre.

Maintenant, voilà la nouvelle trame. Il faut concevoir une construction dans sa globalité, et non les dépenses d'énergie comme une annexe.
D'abord, il faut prévoir la base : deux étages, charpente traditionnelle et grand garage double de 70 M2.
La raison est simple et facilement appréhendable : le garage est la pièce la plus importante d'une maison individuelle, du fait des rangements (on peut même très éventuellement y mettre une voiture), il faut faire grand pour éviter d'avoir à y revenir et voir, comme dans beaucoup d'endroits, en pousser un deuxième quelques années plus tard (c'est toujours ça d'économiser).
De même, les charpentes traditionnelles permettent de récupérer les combles. Même si ce n'est que pour stocker, ça évite de rebâtir quelques années plus tard, un garage supplémentaire...

Christine Boutin avait mal posé une bonne question (Elle voulait que chaque propriétaire puisse "rajouter" un étage): aux temps anciens, une maison de plein pied, ça n'existait pas. Cela crée, trop d'emprise au sol.

Enfin, la question énergétique : une maison, c'est un abri, il faut que cet abri soit, pour des raisons de confort et de survie, chaud.
La meilleure manière de procéder, c'est l'isolation, qui est passée, en 50 ans, du stade de l'inexistant ou presque, à la coquille la plus fermée possible.
On trouve, à l'heure actuelle, des matériaux très bons, et on peut isoler aussi l'ancien par l'extérieur. Bien entendu, le simple vitrage est passé au double, puis au triple.
Pour renouveler l'air, la ventilation double flux s'impose (l'air sortant chauffe l'air rentrant), et les degrés qu'on n'a pas à chauffer sont les plus économiques.
Un puit provençal donne, pour l'éternité, les degrés les plus coûteux en énergie.

Il reste à compléter avec un chauffage d'appoint. Poêle, pac, ou les deux. Pour l'eau chaude, pac ou solaire.
Il n'y a pas longtemps, on m'a demandé si j'étais écologiste (à cause de mes panneaux solaires thermiques), j'ai répondu que non, seulement radin, grigou, pardon, économe . 
Il faut toujours se poser la question de savoir si une dépense est justifiée, ou pas. Le sans cervelle étant "on peut bien se le payer", ou "c'est pas trop cher" ou "c'est comme d'habitude".

Sur un siécle, les dépenses de constructions représentent 20 % du coût d'une maison. C'est peu.
On peut éviter la dépense, faible à l'année, mais réitérée dans le temps, en investissant correctement et avec un léger surcout. Ou en prévoyant, dès l'origine, la suite des investissements.
Mais, dans les années 1970, quand je faisais mes études, en économie, on posait déjà le problème : tout existe pour être économe, mais c'est hors de portée de la plupart des bourses. C'est aussi, hors de portée de l'exigence immédiate des personnes.
j'ai personnellement attendu 40 ans pour être "chez moi". La plupart des autres personnes du lotissement en avaient 25.
Bien entendu, les moyens financiers n'étaient pas les mêmes, et clairement, la plupart n'avait pas les moyens de faire construire et n'auraient pas du faire construire si tôt. Certains résultats, d'ailleurs, ne valent pas grand chose et sont inamendables.
Acheter le terrain est un problème différend.
Il faut le séparer de l'acte de construction, ce sont deux opération distinctes.


L'esprit d'insouciance a fait paraitre la question énergétique du logement comme un "non-problème". On payait ses factures, voila tout.
Mais les dites sont de plus en plus lourdes, pour des moyens de plus en plus réduits.
A l'américaine, c'était même un signe de réussite (c'est moi qu'ai la plus grosse).
Le jacuzzi c'est mieux pour épater le voisin. Mais ça ne rapporte rien...
42 000 Cesi (chauffe eau solaire individuel) et 5 800 systèmes combinés (chauffage et eau chaude), en France en 2008.
Pour la Chine, en 2009, c'est 100 millions. Ici, on parle, là-bas, on fait.
Et on trouve très pesant (appréciation polie), l'attitude des occidentaux sur les GES (gaz à effet de serre).
Si, pour commencer, on en faisait autant qu'eux ? Parce qu'à l'allure actuelle, ça prendra des siécles, que l'on a pas.
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A
Completely awesome blog. it’s my first visit at your blog. i get fan of your thoughts.Here in our state we sopend a lot on houses and I must say its pretty stupid.Lot of money is spent on concrete homes which is an ecological disaster.THIS BLOG MAKES A DIFFERENCE
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C
"Selon la perspective pragmatique, penser une chose revient à identifier l'ensemble de ses implications pratiques".(in wikipedia)<br /> Dans le fond, l'ergonomie ne dit pas autre chose, le modulor non plus...<br /> En débarrassant "la maison" de tous ses oripeaux symboliques (statut social, transmission de patrimoine...), nous reviendrons vraisemblablement à lui restituer son objet premier: abriter confortablement, dans tous les sens du terme. Dans la notion de confort, j'inclus: volumes adaptés à l'utilisation, économie à l'achat et à l'entretien, proximité du lieu de travail et des services.<br /> Elle serait conçue de manière à être aisément "digérable" par la société ou la nature dans un délai raisonnable, au lieu d'être construite "pour l'éternité".<br /> Comme une auto, on pourrait l'acheter en leasing, ou même en bail emphytéotique (cela a déjà été fait...).<br /> En fait, les solutions existent. Mais pour cela, comme je le disais dant mon précédent post, il faut d'abord "défantasmer" la maison.
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B
je vais etre tres pragmatique. c'est mon métier qui veut ça.<br /> <br /> que faites vous quand vous avez froid aux pieds ? vous enfilez de grosses chaussettes? alors vous avez tout faux. il faut pour ne pas avoir froid aux pieds, secouvrir la tête...<br /> <br /> propos incongrus dans cette discussion?<br /> <br /> pas tellement! pourquoi s'obstine t on a avoir 2.50 m sous plafond dans les logements, l'air chaud ayant tendance à s'accumuler au plafond, zone ou peu de gens circulent?<br /> <br /> 2.40 suffisent largement sans l'impression de claustrophobie! donc impression réelle de chaleur plus grande et économie de chauffage de plusieurs m3 par logement et diminution du cout de construction<br /> <br /> plus personne n'a d'armoire normande......
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P
Merci à Corbu et Patrick pour toutes ces précisions !
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F
Un article du Temps d'aujourd'hui: Les prix de l’immobilier suisse sont à leur tournant:<br /> <br /> Le niveau des taux d’intérêt – toujours historiquement bas – soutiendra par ailleurs la demande. A l’heure actuelle, il est possible de bloquer ses taux pour cinq ans dès 2,15% et pour dix ans à partir de 2,93%, en fonction de la qualité du dossier. «Acheter coûte souvent moins cher que de louer son logement». [..] Il ajoute que face aux rendements toujours amoindris de leur 2e pilier, de nombreux salariés songent à le retirer pour le placer dans leur propre habitation.<br /> <br /> Comme vous le soulignez fort bien Patrick, à l'achat peut être, mais quand on intègre les coûts d'investissements & et de maintien, le conte n'est pas aussi rose. On voit bien dans ce passage, la relation des vases communiquant: la diminution des intérêts de la capitalisation de la retraite (2e pilier) pousse à placer son épargne dans l'immobilier... jusqu'au jour où ce marché baisse fortement à son tour et achève de ruiner l'épargne. <br /> <br /> Constat permanent en Suisse: la demande étant forte, on imagine pas, malgré la crise mondiale, que celle-ci puisse diminuer fortement également par différents facteurs inexistants à l'heure actuelle en Suisse (regroupement familial, départ des expatriés de toutes sortes, etc.): "Au final, ces derniers ne devraient donc concéder qu’un «modeste» 5% d’ici à la mi-2010". Voilà l'horizon des analystes........ et dans 3-5 ans ?<br /> <br /> FabCH
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C
Votre seconde question pose plus un problème sociétal qu’un problème technique.<br /> Les choix urbanistiques et politiques (rappelons que ces deux mots ont la même racine etymologique…) qui en dérivent sont très délicats car trouver l’équilibre entre désirs et contraintes économiques est un exercice relève souvent de la gageure.<br /> Par ailleurs, une société ne réagit pas dans les mêmes conditions de temps que les individus qui la composent. Comme un bateau, elle a de l’inertie et il faut du temps pour arrêter un mouvement comme pour l’accélérer. <br /> Il me semble (mais ce n’est là qu’une opinion), que les fameux éco-quartiers constituent un embryon de réponse à votre question. Mode et communication obligent, on ne voit généralement dans ces derniers que l’aspect éco-logique alors qu’il présentent aussi, et c’est normal, un aspect éco-nomique : en particulier, reconcentration des fonctions habitat et lieu de travail.<br /> Donc, à terme (10 ans ? 20 ans ? Plus ?), notre société, incapable de maintenir le monstre des réseaux publics, poussera les individus à se ré-agglomérer, d’abord par des incitations puis par la contrainte (fiscale, entre autre : la taxe carbone en est le début). <br /> Bien sûr, la transition ne sera pas facile : elle passera certainement par une démythification et une démystification de la maison individuelle et, plus généralement, de la manière d’habiter. <br /> En fait, c’est le fantasme de toute une génération qu’il faudra estomper.
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C
Voici le lien pour l'article cité dans mon précédent post:<br /> <br /> http://www.lesechos.fr/info/france/020135555316-la-deductibilite-des-interets-d-emprunt-recentree-sur-les-logements-verts-.htm
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C
@ pierre<br /> <br /> C’est bien sûr plus complexe que pour une maison individuelle mais il est bien possible aujourd’hui, sans trop de difficultés, de concevoir et de réaliser, même en secteur urbain, des bâtiments collectifs dits « basse consommation » (voir à ce propos l’article paru ce jour dans Les Echos concernant la déductibilité future des intérêts d’emprunt). Leur consommation normalisée en énergie primaire (pour les besoins de chauffage, production d’eau chaude, éclairage…) peut être très inférieure à 50 KwH/m2/an (on peut aisément viser les 30, voire moins), alors que la norme actuelle impose un plafond de 120 à 130.<br /> Mais attention : les conditions d’utilisation peuvent « plomber » cet objectif. C’est comme pour une auto donnée pour consommer 6 litres/100 km qu’une conduite inadaptée amène à consommer allègrement le double !<br /> Donc, la responsabilité personnelle joue un rôle prépondérant.<br /> Et là se pose, entre autres, le problème de la relation avec EDF qui, par le biais de subventions déguisées (contrat de rachat…), fausse objectivement les données en « diluant » le concept par la mutualisation de ce qui devrait relever de l’appréciation personnelle.<br /> Se pose aussi, quoi que l’on en dise, le problème du coût de la construction proprement dite, inévitablement supérieur à celui des constructions habituelles dont on trouve déjà les prix excessifs.<br /> Une solution serait peut-être dans l’individualisation : on dépense l’énergie qu’on produit, et on ne produit que l’énergie qu’on dépense. Mais là, on se heurte au monstre EDF et à l’Etat. Pour le coup, ce serait une vraie révolution dans la relation individu-puissance publique !
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P
En écho au commentaire de Corbu :<br /> <br /> -des immeubles passifs seraient-ils envisageables/souhaitables ?<br /> <br /> -quel serait le mode de transport correspondant un habitat de ce style ? A supposer bien sûr que tout un chacun ait encore besoin d'un transport pour aller bosser, si nous sommes contraints à nous retirer en famille sur des terres cultivables au seuil de notre porte...
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P
<br /> pierre, pourquoi payer ce que l'on peut avoir pour presque rien (l'investissement initial), c'est à dire une construction un peu améliorée.<br /> Effectivement, ce qui donnera le "la", c'est la donne emploi, et la donne ressource. Si on passe en mode survie, se retirer sur des familles élargies sur les terres cultivables est le plus<br /> efficace.<br /> <br /> <br />
B
[(c'est moi qu'ai la plus grosse).]<br /> <br /> Ah! bon....
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C
Le problème est que la maison individuelle, si économique soit-elle à la maintenance pour ses occupants, est trop dispendieuse en espace et en équipements publics (VRD). D'autre part, elle est parfaitement contraire, sinon à la règle, du moins à l'esprit, d'une approche environnementale sincère. (En particulier lorsque l'on aborde le problème de l'éloignement du ou des lieux de travail pour une famille, par exemple, et l'impossibilité réelle pour les collectivités de tout organiser en réseaux publics). Je pense qu'à terme ce mode d'habitat sera surtaxé pour compenser ces inconvénients.
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